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Comment Apple s’apprête à bousculer le marché de l’or 

Pour produire l'AppleWatch, et notamment la version Edition, Apple pourrait avoir besoin du tiers de la production mondiale d'or par an.

Pour produire l'AppleWatch, et notamment la version Edition, Apple pourrait avoir besoin du tiers de la production mondiale d'or par an. - Stephen Lam - Getty Images North America - AFP

Avec la sortie de l’AppleWatch, le géant américain s’apprête à faire son entrée dans le domaine de la joaillerie. Mais la taille macro-économique du groupe et de la demande pour ses produits va sans doute provoquer une situation sans précédent sur le marché de l’or.

On l’avait pressenti, mais le lancement de la montre connectée d’Apple va une fois de plus provoquer des ruptures capitales. Déjà l’entrée fracassante du groupe sur le secteur de la montre de luxe, puisque c’est de cela qu’il s’agit au vu des tarifs, crée un nouveau métier pour Apple.

Apple, de la high-tech à la joaillerie

Un nouveau métier fait de chaînes d’approvisionnement spécifiques, similaires à celles de la haute joaillerie suisse. Concrètement les AppleStore vont devoir se doter de coffre-forts, et sans doute de matériel spécifique jusque-là réservé à la bijouterie, pour la vérification de l’authenticité des matériaux, etc.

Mais quid des matières premières ? L’or va devenir un composant capital finalement pour cette AppleWatch, et sans doute aussi un paramètre capital du business model d’Apple autour de cette montre. Et un simple petit calcul d’analystes tend à le prouver.

750 tonnes d’or par an

Les analystes du cabinet GoldCore pensent qu’en moyenne Apple va être en mesure de vendre au moins 1 million d’exemplaires de sa montre par mois, tous modèles confondus. Donc 12 millions par an. Si on fait la moyenne des besoins en or des différents modèles d’AppleWatch, du modèle de base à la très onéreuse Watch Edition à 11.000 dollars et plus, on arriverait, selon les spécialistes, à 2 onces d’or par montre.

Deux onces d’or équivalent à 62,2 grammes. Faites tourner la calculatrice… multipliez par 12 millions… Et voilà qu’Apple va subitement avoir besoin de 750 tonnes d’or pour assurer sa production. 750 tonnes d’or, c’est l’équivalent du tiers de la production annuelle mondiale ! C’est plus que la production réunie des deux plus gros pays producteurs, Chine et Australie. Et au prix de marché, 36 milliards de dollars.

Apple débarque parmi les premiers acheteurs mondiaux

D’un coup, Apple va devenir un des principaux acteurs du marché de l’or en termes de demande, et d’entrée de jeu dans les 3 premières places mondiales. Bien avant la Russie, la Chine ou l’Inde. C’est dire à chaque fois comment Apple, de par sa taille macro-économique, arrive a chambouler les marchés où il opère. La puissance d’un état souverain. Mais Apple en a aussi les moyens, avec un matelas de cash disponible de 200 milliards de dollars.

De quoi donner une nouvelle dimension au groupe, qui va autant compter sur le marché de l’or que n’importe quelle banque centrale, ou n’importe quel très gros acteur de la joaillerie, l’Inde restant à ce niveau le plus gros demandeur mondial.

Un nouveau relais de rentabilité

Sans compter que si on reprend les calculs d’analystes, l’or, pourtant si peu rentable en ce moment, peut devenir un nouveau relai de marge absolument faramineux pour Apple. Si on prend l’exemple de la Watch Edition à 11.000 dollars, et qu’on évalue grossièrement à un peu plus de 2 onces d’or le besoin pour la fabriquer, on arrive à 2.400-3.000 dollars.

Ajoutez 500-600 dollars pour les composants électroniques… et à 11.000 (voire 17.000 dollars pour le modèle ultime) cela laisse à Apple une marge de 8.000 dollars/pièce dans le pire des cas.

Apple peut-il redynamiser le marché de l’or ?

Pour l’instant le processus de fabrication reste bien entendu secret, mais Apple a déjà dû mettre en chantier des installations pour stocker tout cet or, comme n’importe quelle banque centrale du monde.

Et le marché de l’or trouverait peut-être enfin un catalyseur pour s’animer un peu, tant le métal précieux est délaissé en ce moment, du fait des politiques monétaires des banques centrales, de l’absence d’inflation, et de la volonté des marchés de prendre toujours plus de risques. L’once d’or fin végète toujours du côté des 1.100-1.200 dollars depuis des mois… peut-être plus pour longtemps !

Antoine Larigaudrie