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Les conséquences d'un euro fort

Le gouvernement affirme que les économies sont de 15 milliards d’euros.

Le gouvernement affirme que les économies sont de 15 milliards d’euros. - -

Un euro fort favorise les importateurs et allège notre facture pétrolière, mais fait souffrir les exportateurs. Pour les Allemands, les Français doivent faire les efforts d’adaptation pour rester compétitifs.

L’euro se maintient à la hausse. Le cours est monté à 1,38 $ la semaine dernière pour redescendre à 1,34. Un euro fort favorise les importateurs et explique pourquoi notre taux d’inflation est si bas. Il allège notre facture pétrolière. Mais les exportateurs souffrent. Par-delà les évolutions du taux de change des dernières semaines, le problème de la France est d’avoir retardé sans cesse les réformes de structure que nécessite le fait d’avoir la même monnaie que les Allemands.

L'euro fort, est-ce mauvais pour notre économie ?

Il y a un discours récurrent parmi nos dirigeants politiques mais aussi certains chefs d’entreprise pour dire que l’euro est trop fort et qu’il faudrait que la BCE intervienne pour le faire baisser. Dans le rapport Gallois par exemple, il est écrit qu’il faudrait que le taux de change de l’euro soit de 1,15 $. Et dans le rapport sur la situation économique du pays annexé au budget, il est écrit qu’une baisse de 10% du taux de change de l’euro permettrait de créer 149 000 emplois. Pourtant, il faut avoir une vision plus équilibrée du problème. L’appréciation du taux de change a quatre conséquences, de la plus bénéfique à la néfaste. Détaillons-les :

- L’euro fort baisse notre facture énergétique. En ce moment ce n’est pas négligeable : le prix du pétrole se maintient au-dessus des 100$ le baril tandis que celui du charbon monte très rapidement vers 100$ la tonne. Et une entreprise comme Air France compte sur l’euro fort pour alléger ses coûts et assurer son redressement.
- Comme les investisseurs qui ont des dollars gagnent de l’argent grâce à l’appréciation de l’euro, ils sont moins exigeants en termes de taux d’intérêt. On l’a vu cette semaine pour l’Italie qui a pu placer des emprunts sans problème à des taux redevenus raisonnables.
- Cela baisse notre inflation. Cela transfère du pouvoir d’achat vers les ménages et la faible inflation a permis à la BCE de baisser encore ses taux d’intérêt.
- L’euro fort pénalise les exportateurs. Soit ils maintiennent leurs prix en euros, ce qui les augmente en dollars, si bien que les clients se défilent ; soit ils maintiennent leurs prix en dollars pour conserver leur part de marché. Mais alors, comme ils reçoivent le même montant de recettes en dollars, in fine ils gagnent moins d’euros et leurs marges s’amenuisent. C’est ce dernier aspect que l’on met surtout en avant.
Au final, d’un côté, l’euro fort baisse la facture pétrolière et les taux d’intérêt, mais de l’autre les exportateurs sont à la peine.

Pourquoi ne faisons-nous rien pour corriger cette situation ?

D’abord parce que l’euro n’est pas que notre devise et nos partenaires ne sont pas favorables à une dévaluation significative.
Les Allemands disent aux Français qu’ils doivent faire les efforts d’adaptation pour rester compétitifs comme l’ont fait d’autres pays d’Europe, notamment l’Espagne. Les Espagnols justement, qui ont fait des efforts considérables pour améliorer leur compétitivité ne voient pas pourquoi on entrerait dans une spirale dévaluation/inflation.
Ensuite parce qu’en France même, si certains militent pour un euro faible, les entreprises les plus performantes qui exportent sans difficulté veulent conserver l’avantage d’avoir des taux d’intérêt bas et une énergie peu chère.

Le titre de l'encadré ici

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Jean-Marc Daniel