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Dans 10 ans, les Robo-Advisors gèreront 5.000 milliards de dollars

En 10 ans, le marché de la gestion robotisée devrait connaître une croissance fulgurante, selon la dernière étude de Citigroup, pour commencer à tutoyer la géants de la gestion d'actifs classique.

En 10 ans, le marché de la gestion robotisée devrait connaître une croissance fulgurante, selon la dernière étude de Citigroup, pour commencer à tutoyer la géants de la gestion d'actifs classique. - Jonathan Nackstrand - AFP

Chiffres spectaculaires dans la dernière étude de la banque Citigroup sur la gestion automatisée. De 14 milliards de dollars actuellement, les encours gérés devraient grimper jusqu’à 5.000 milliards à horizon 2025. Une révolution aussi bien technique que sociologique est en marche.

On est face à une transformation de l’industrie de la gestion qui prend des proportions exponentielles. Si l’on en croit les chiffres de projection de l’étude Citigroup, on va donc passer en 10 ans d’une toute petite industrie à une masse d’argent comparable à celle que gère le géant américain du secteur, Blackrock. Les raisons de cette croissance prodigieuses sont multiples, et commencent à peine à être chiffrées et modélisées.

Car jusqu’à présent, dans un domaine où la confiance et le contact sont primordiaux, difficile de croire que le secteur de la gestion puisse à ce point être destiné à abandonner progressivement les interlocuteurs humains au profit des robots.

Accélération technologique en vue

Et pourtant… L’enjeu est tout d’abord technologique. On est à l’aube de progrès considérables à ce niveau. L’intérêt pour l’instant mesuré pour les techniques de gestion totalement automatique (hormis le marché américain, où le phénomène prend de l’ampleur) s’explique par le manque de sophistication des machines.

Jusqu’à présent, ces "robots gestionnaires" utilisent des procédés assez simples et passifs pour gérer l’argent qui leur est confié. Le cas de figure le plus courant est une stratégie basée sur de simples arbitrages autour d’achat ou de vente de produits financiers de gros, qui suivent la tendance, comme les ETF ou les trackers.

Passer de la gestion passive à la gestion active

Difficile dans ce cas d’espérer faire beaucoup mieux que les gérants "humains", qui eux aussi ont recours à de tels instruments. Dans ce cas on ne peut parler que d’imitation de la gestion "humaine".

Mais ce n’est là que la première génération de robots-gérants. Les prochaines sur lesquelles travaillent certaines sociétés spécialisées sont autrement plus efficaces, et vont permettre des stratégies beaucoup plus actives, basées sur les progrès du trading algorithmique, très en vogue dans le monde boursier.

Changement de génération

Ces machines vont pouvoir intervenir sur une multitude de marchés, arbitrer très rapidement, combiner les stratégies, avec processus de décision géré par le client ou pas, afin de maximiser les profits en un minimum de temps. Et à cette révolution technologique s’ajoute une révolution sociologique.

Jusque-là les clientèles traditionnelles de la banque privée et de la gestion d’actifs étaient d’une génération ancienne, peu encline à confier un portefeuille d’actifs à une machine, surtout dans l’environnement de marché déjà rendu complexe par l’omniprésence de l’informatique haute vitesse.

Une clientèle en pleine mutation

Mais est en train d’émerger ces dernières années (particulièrement aux Etats-Unis, mais le phénomène prend de l’ampleur en Europe) une clientèle jeune, qui commence à accéder à un niveau de classe moyenne-supérieur, et qui a déjà pris ses habitudes en matière de banque en ligne et de services dématérialisés.

Ceux-là semblent désormais mûrs pour adopter aussi la dématérialisation totale de la gestion de leur épargne et de leur fortune. Quitte à laisser une présence humaine, un conseiller, dans un premier temps pour faire ses premier pas, puis ensuite laisser faire la technologie…

La gestion "humaine" menacée pour de bon ?

Une conjonction de facteurs, avec aussi en filigrane des considérations proprement économiques, dans le sens où cette technique de gestion par robo-advisors est infiniment moins chère et techniquement tout aussi fiable que l’emploi d’un conseiller expérimenté.

D’où ce sentiment qui naît à la lecture des données de Citigroup que nous sommes sans doute à la veille d’une révolution chez l’usager, couplée à une révolution technologique et sans doute une révolution dans la définition même du métier de la gestion au sein de la galaxie bancaire.

Les grands gestionnaires à l’affût d’acquisitions

Pas étonnant que les grands de la gestion se mettent en quête d’acquisitions sur ce secteur des robots-gérants, pour capter d’entrée de jeu la clientèle visée et la technologie, ou, peut-être, contrôler un développement fulgurant qui leur feraient de l’ombre.

Fin août c’est le géant américain Blackrock précisément, qui a racheté FutureAdvisor, start-up californienne spécialisée dans la gestion automatisée. L’opération la plus significative du genre, et sans doute la première d’une longue série.

Antoine Larigaudrie