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La déflation : amie ou ennemie ?

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Eurostat a annoncé que l’inflation en zone euro est désormais de l’ordre de 0,8%. Elle a baissé par rapport à la statistique précédente qui était de 0,9%. Faut-il s'en réjouir ou s'en inquiéter ?

Certains commentateurs commencent déjà à parler de déflation, c’est-à-dire de baisse des prix. Le danger de la déflation est que si les consommateurs pensent que les prix vont baisser, ils retardent leurs achats, ce qui bloque la croissance. Mais nous n’en sommes pas là.

Les prix n'augmentent plus en zone euro : comme disent les économistes, c'est la déflation.

Certains prix baissent d’abord du fait de la baisse des coûts liés au progrès technique. En France, nous allons normalement payer la 4G au prix de la 3 G : c’est une forme de baisse de prix due à l’évolution technologique.

Néanmoins, la tendance générale est à la stabilité voire à la baisse : en Grèce par exemple, les prix auront baissé en 2013 de 2,6%. En France, certains prix baissent hors évolution technologique : c’est le cas en particulier de l’immobilier. Il faut préciser que cela intervient après une forte période de hausse. Mais il y a encore des prix qui augmentent, notamment dans l’alimentaire.

Parler de déflation est donc excessif. En fait, il y a en France chez certains une nostalgie de l’inflation. A Bergeron, l’ancien leader de FO, disait que cela donnait du "grain à moudre". Quand les prix augmentaient, les salaires suivaient –plus ou moins- et cela donnait lieu à des négociations qui valorisaient les partenaires sociaux. Et puis l’inflation, c’est bien connu, efface les dettes.

Finalement, cette nostalgie est justifiée : l'inflation avait du bon.

Rares sont de fait les hommes politiques qui, comme Pierre Bérégovoy dans les années 80, ont défendu sans concession la désinflation. Bérégovoy rappelait que l’inflation efface certes les dettes mais aussi l’épargne et surtout la petite épargne, celle qui ne peut pas se protéger en augmentant les taux d’intérêt.

Car il faut voir qu’inflation forte finit par signifier taux d’intérêt de plus en plus haut, faible inflation taux d’intérêt très bas – c’est le cas en ce moment.

En outre, on le voit en cette période de soldes, la population cherche toujours à obtenir des prix les plus bas possibles : faible inflation signifie fort pouvoir d’achat.

Quant au "grain à moudre", à l’époque même d’A. Bergeron, les syndicats disaient : "les prix et les salaires montent en parallèle mais les prix prennent l’ascenseur et les salaires l’escalier"

L'ennemi finalement, c'est l'inflation ou la déflation ?

Les deux : la bonne situation, c’est la stabilité des prix. C’est le mandat que l’on donne en général aux banques centrales. C’est ce que devrait nous rappeler aujourd’hui Mario Draghi, le président de la BCE, qui va nous présenter ses vœux.

Jean-Marc Daniel