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Délit d'initiés: l'ex-patron de Wendel renvoyé en correctionnelle

Jean-Bernard Lafonta, l'ex-patron de Wendel.

Jean-Bernard Lafonta, l'ex-patron de Wendel. - ERIC PIERMONT - AFP

L'ancien patron de la société d'investissement Wendel, Jean-Bernard Lafonta, a été renvoyé en correctionnelle pour délit d'initiés, ont annoncé jeudi à l'AFP des sources concordantes. 

Il sera également jugé pour diffusion d'informations fausses ou trompeuses, a précisé une source judiciaire, selon qui les magistrats financiers ont rendu leur ordonnance de renvoi en correctionnelle le 17 avril. Le procès pourrait se tenir à la fin 2015, selon une source proche du dossier.

La déchéance d'un virtuose de la finance

L'ancien "golden boy" de la finance française sera seul à comparaître. Placé sous le statut de témoin assisté durant l'enquête, l'ancien patron des patrons et ex-président du conseil de surveillance de Wendel, Ernest-Antoine Seillière, n'a pas été renvoyé en procès.

Considéré comme un virtuose de la finance, Jean-Bernard Lafonta avait été recruté en 2005 par Ernest-Antoine Seillière avec pour mission de moderniser la holding familiale des descendants des maîtres des Forges lorrains.

Mais la crise financière et le recours massif à l'endettement pour financer des acquisitions comme celle de Saint-Gobain avaient mis le groupe dans une situation difficile et Jean-Bernard Lafonta avait dû quitter ses fonctions en 2009.

L'affaire qui va lui valoir d'être jugé avait été déclenchée par la plainte en 2012 de l'ancien directeur juridique du groupe Arnaud Desclèves. Dans la plainte, que l'AFP s'était procurée, étaient notamment portées des accusations "d'information trompeuse sur la situation financière et comptable de Wendel".

Un bénéfice indu de 4 millions d'euros 

Y était notamment reproché à Jean-Bernard Lafonta, alors qu'il quittait un groupe en grande difficulté en mars 2009, d'avoir publié un actif net réévalué (ANR, un indicateur de performance financière d'une société) "artificiellement gonflé (22 euros au lieu de 10) pour lui permettre de soutenir le cours de Bourse de Wendel malgré la situation de déconfiture de la société". Jean-Bernard Lafonta en aurait "profité pour vendre ses actions Wendel à un prix bien supérieur à ce qu'il aurait dû être".

Dans sa plainte, Arnaud Desclèves affirmait que son ancien patron avait pu réaliser une "plus-value indue de 12 euros environ" par titre, estimant que le total du gain était susceptible d'aller jusqu'à "environ quatre millions d'euros".

Il juge que, du fait de cette manoeuvre présumée, les investisseurs qui ont comme lui acheté des titres Wendel à ce moment-là, "l'ont fait à un cours d'environ le double de ce qu'il aurait dû être".

"Jean-Bernard Lafonta conteste la totalité des faits qui lui sont reprochés et démontrera devant le tribunal que l'information communiquée par Wendel alors qu'il en était président a toujours été exacte. Nous pensons que la justice ne se laissera pas abuser par des affabulations", a déclaré à l'AFP l'avocat de l'ex-patron, Maître Antonin Lévy.

N.G. avec AFP