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Depuis 2008, le titre Air Liquide n'avait jamais autant chuté 

Pourquoi Air Liquide connaît sa pire séance en 7 ans

Pourquoi Air Liquide connaît sa pire séance en 7 ans - ERIC PIERMONT / AFP

Le titre du groupe Air Liquide connaît sa pire séance boursière en sept ans après avoir mis la main sur Airgas pour un montant de 12,5 milliards d’euros. Une opération jugée "chère" par le marché, mais stratégique compte tenu de la rareté des cibles.

Il faut remonter à décembre 2008 pour retrouver la trace d’une séance boursière aussi difficile pour Air Liquide. À 15 heures, l’action du chimiste français chutait de 6,4% à 115,75 euros après avoir annoncé mardi soir le rachat d’Airgas, l’un des principaux fournisseurs de gaz industriels et de produits et services aux Etats-Unis pour un montant de 13,4 milliards de dollars (12,5 milliards d’euros). Les actionnaires américains se voient ainsi offrir 143 dollars par action, ce qui fait ressortir une prime de plus de 50% par rapport à la moyenne du cours sur un mois avant la transaction.

Une opération jugée "chère" par UBS si on se réfère à la précédente offre d'Air Products sur Airgas qui avait échoué en 2010. "Avec une valorisation représentant 23 fois le bénéfice par action estimé 2017, l'opération devra produire un accroissement substantiel du BPA (bénéfice par action)", estime le courtier.

Air Liquide, futur numéro un

Cette opération permet à Air Liquide de couper l’herbe sous le pied à l’allemand Linde, qui repassera numéro deux après le rachat, les opportunités de croissance se faisant de plus en plus rare dans le secteur. "C’est le dernier deal encore possible qui permet de changer la donne", indique d’ailleurs la directrice financière d’Air Liquide, Fabienne Lecorvaisier, à l’agence Bloomberg.

Déjà numéro un en Europe, en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie, le groupe français deviendra leader au niveau mondial et sur le marché nord-américain. La direction assure que l’opération sera relutive dès la première année, estimant que 300 millions d’euros de synergies pourront être réalisés dans les deux ou trois ans pour la majorité d’entre elles.

Exposition réduite en Europe

Pour Ari Agopyan, analyste chez CM-CIC Securities, "si l’acquisition d’Airgas ne correspond pas à la philosophie d’acquisition habituellement invoquée par Air Liquide (des acquisitions de proximité, un renforcement des activités Santé), elle constitue néanmoins une opportunité majeure de réduire son exposition à l’Europe (France plus reste de l’Europe représentent 50% du chiffre d’affaires), d’accroître significativement son exposition industrielle américaine (marché mondial n°1 du gaz industriel) et d’acquérir une société en croissance comparable à la sienne."

Avec une hausse du chiffre d’affaires Gaz et Services d’environ 30%, ce nouvel ensemble ainsi constitué générera un chiffre d’affaires de plus de 19 milliards d’euros et une rentabilité opérationnelle autour de 16%. Afin de maintenir sa notation crédit A-/A chez S&P, Air Liquide envisage une augmentation de capital comprise entre 3 et 4 milliards d’euros pour financer l’opération.

Sami Bouzid