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Dessertine : « La crise n’est pas finie »

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Philippe Dessertine, expert en finances, est revenu sur les dernières évolutions des marchés et a précisé les conséquences de la crise sur l’économie dite « réelle ».

Les annonces de plans surdimensionnés pour sauver les banques ont certes permis d'éviter une nouvelle dégringolade des bourses en ce début de semaine. Mais pour Philippe Dessertine, professeur de finances à l'université Paris X Nanterre et directeur de l'Institut des hautes finances, il est trop tôt pour évoquer un plan de relance de l'économie car la crise financière n'est pas terminée. Le point sur la situation avec lui en trois questions.

Est ce le moment de mettre en place un plan de relance de l'économie (soutien de la demande, à la consommation, par des défiscalisations par exemple) comme le demandent certains politiques, notamment en France ?
Malheureusement, c'est peut-être un peu tôt, et même vraiment tôt. Ca laisserait penser que la crise est vraiment finie alors que ce n'est malheureusement pas encore le cas. Une relance de l'économie est possible lorsque l'on est en termes techniques en « bas de cycle », c'est-à-dire lorsqu'on est vraiment arrivé en bas d'une crise. A ce moment-là, la relance permet d'accélérer le redémarrage. Aujourd'hui, nous ne sommes pas dans ces conditions. La crise financière n'est pas finie, on va avoir encore des conséquences. On est passé tellement prêt de la catastrophe qu'il y a eu un peu d'euphorie, d'effet libératoire, en début de semaine. Aujourd'hui, on revient sur les mauvaises nouvelles, les bourses sont encore extrêmement volatiles.

Le plan français et européen permet-il déjà de relancer la circulation des liquidités entre banques et entre banques et entreprises ?
On va dire que normalement l'effet du plan va être de permettre de réamorcer un peu ce prêt de liquidités entre les banques, de réactiver la vie du secteur bancaire. Cela étant, il ne faut pas se leurrer, les effets de ce plan ne seront pas encore sensibles pour la population ou pour les entreprises. Il faut réanimer le secteur bancaire mais ce qu'il faut souhaiter c'est que les entreprises et l'économie réelle puissent bénéficier peu à peu de ces effets de crédit. Ca ne viendra pas immédiatement.

Des faillites d'entreprises sont-elles à prévoir ?
Oui, on va voir des entreprises en difficultés importantes. Nous pouvons avoir des conséquences directes de la crise financière, c'est-à-dire que les entreprises manquent de liquidités et on a immédiatement l'effet : le risque de faillite. Nous aurons aussi des difficultés liées à la récession, au fait que l'activité baisse et que par conséquent les bénéfices disparaissent, et qu'à la fin, les entreprises se retrouvent en vraie difficulté. On le voit aujourd'hui avec plusieurs grands groupes dans le monde.

La rédaction-Bourdin & Co