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Devises: l’euro/dollar (enfin) sur la route de la parité?

Après quelques mois de blocage, l'évolution de l'euro-dollar semble être repartie dans le sens de la parité parfaite à terme. Les analystes estiment qu'elle pourrait intervenir à la fin de l'année ou au début de l'année prochaine.

Après quelques mois de blocage, l'évolution de l'euro-dollar semble être repartie dans le sens de la parité parfaite à terme. Les analystes estiment qu'elle pourrait intervenir à la fin de l'année ou au début de l'année prochaine. - Philippe Huguen - AFP

Le chemin semblait tout tracé il y a un an, mais les hésitations et les déséquilibres liés aux politiques des banques centrales ont retardé l’échéance. Désormais, l'euro et le dollar semblent être à nouveau en passe de rejoindre le niveau 1 pour 1, en signant un plus bas de 7 mois en ce moment.

C’était en mars dernier. Goldman Sachs et Deutsche Bank nous prévoyaient un euro à parité avec le dollar avant la fin de l’année, voire même un passage de l’euro sous le dollar à 0,97 début 2016. Mais hélas, les hésitations de la FED à relever ses taux, les déséquilibres induits notamment du côté des pays émergents et la tempête boursière de l’été ont déjoué les plans des prévisionnistes.

Et pourtant, nous revoilà sur le chemin de la parité. Après plusieurs mois de blocage au-dessus, voire des niveaux de 1,09-1,10, le niveau de l’euro-dollar est descendu de manière décisive fin octobre, alors que la FED a donné des indications à peu près claires sur son programme de relèvement des taux, avec un timing clair pour le mois de décembre. On est désormais revenus sur les niveaux du printemps dernier autour de 1,06.

Le scénario de la FED se précise

Au fur et à mesure que les indicateurs économiques s’améliorent aux États-Unis, le mouvement s’amplifie, rendant à la FED la tâche plus simple pour maintenir le cap et piloter la normalisation de sa politique monétaire comme il se doit.

Le monde financier est unanime sur le fait que les déséquilibres engendrés par les politiques monétaires ultra-agressives des banques centrales au niveau mondial doivent cesser. En cela la FED doit montrer la voie et le fait. Malgré certains discours parfois un peu divergents de la part de l’un ou l’autre des gouverneurs, le cap est cette fois bien établi.

La BCE toujours aux aguets

En faveur de cette tendance, on a aussi parallèlement en toile de fond la BCE, qui elle s’apprête a assouplir un peu plus sa politique monétaire le même mois. En augmentant son programme de rachats d’actifs, dans les montants ou dans la durée, voire en agissant sur certains de ses taux en les poussant en territoire négatif.

Toutes les statistiques européennes militent pour, en particulier les objectifs et les perspectives d’inflation, encore bien en-dessous des objectifs. Et même si l’activité européenne s’améliore un peu, une nouvelle ration d’injections de liquidités sera sans doute nécessaire.

Le dollar à nouveau valeur refuge

Les perspectives de rémunération des monnaies plaident donc en faveur du scénario de la parité à terme. Main forte pour le dollar, main faible pour l’euro, avec un rééquilibrage progressif qui aura connu un coup d’arrêt, mais qui reprend tranquillement.

Le dernier catalyseur est sans doute aussi le retour de la prime de risque géopolitique sur les marchés. Après les attentats de vendredi dernier à Paris, le marché s’est remis à jouer des mécanismes propres aux périodes troubles et périodes de conflit.

Un contexte tendu qui avantage le dollar

Retour sur les obligations d’état, nettoyage des positions sur les actifs risqués et sur certains secteurs du marché actions, retour sur l’or, remontée du pétrole. Des ajustements ponctuels, de très court terme, qui interviennent en fonction des tensions du moment.

Mais il y a aussi un retour vers le dollar, réflexe traditionnel, mais rendu encore plus attrayant au vu de ces perspectives de montée en puissance monétaire. La devise américaine reprend d’autant plus sa couleur de valeur refuge.

Horizon de court terme 

Du coup les analystes, pris de court par cette pause dans le processus, jouent à nouveau la parité à terme. Ceux de la banque japonaise Nomura, un peu échaudés donc plus prudents, estiment que ce sera fait sous "quelques mois".

Le facteur le plus encourageant selon eux étant que les positions prises notamment sur l’euro sont moins agressives, et que le processus est cette fois plus régulier et naturel.

Accélération possible

Mais la tendance pourrait s’accélérer justement en cas de réévaluation du facteur risque, notamment géopolitique, sur les marchés. Le dollar prendrait de la vigueur de manière accélérée, et l’objectif serait donc atteint plus vite.

Société Générale et Goldman Sachs sont restés droit dans leurs bottes et eux aussi maintiennent leur objectif de parité pour la fin de l’année ou le tout début de l’année prochaine si on reste sur ces fondamentaux de tendance. Le chemin cette fois semble bel et bien tracé.

Antoine Larigaudrie