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EDF et la Bourse: 10 ans de désamour

Avec un titre qui perd la moitié de sa valeur depuis son introduction en bourse il y a 10 ans, EDF pourrait se faire exclure du CAC40 sous peu !

Avec un titre qui perd la moitié de sa valeur depuis son introduction en bourse il y a 10 ans, EDF pourrait se faire exclure du CAC40 sous peu ! - Kenzo Tribouillard - AFP

Le titre EDF a quasiment touché mercredi 18 novembre son plus bas historique tout juste sous 15 euros. Triste anniversaire pour l’action qui célébrait ses 10 années de bourse, avec un bilan catastrophique: plus de 50% perdus, et une menace réelle de sortie du CAC40.

Un CAC40 à nouveau aux portes des 5000 points… Mais un titre EDF qui a de nouveau reculé sous 15 euros hier et des boursiers toujours aussi pessimistes. La trajectoire boursière d’EDF ressemble à une belle poussée initiale qui n’en finit pas de s’éteindre.

Ils paraissent loin, les jours de novembre 2007, où le titre cotait à un peu plus de 87 euros, et où EDF disputait de séance en séance avec Total la tête des capitalisations boursières à Paris. Après une introduction deux ans auparavant à 32 euros, la performance constituait une vraie prouesse.

EDF poussé vers la sortie du CAC?

Mais depuis le track record fait pâle figure. 53% sur les cinq dernières années en bourse, avec 34% de perdus, rien que depuis début 2015. Un bilan médiocre qui reflète bien la défiance totale du marché actions. Du côté des analystes de marché, on doute de la capacité du titre a encore être membre du CAC40 lors du prochain rendez-vous de réflexion à ce sujet du côté du Comité Scientifique d’Euronext.

Bilan technique négatif

À un peu moins d’une trentaine de milliards d’euros, la capitalisation d’EDF reste conséquente. Mais l’appartenance au CAC40 est aussi une question de flottant, la part de capital disponible pour le public, pour échanger sur les marchés.

Et il est clair qu’avec un État actionnaire présent à hauteur de 84%, la part de flottant de l’électricien est devenue minuscule, après une baisse continue, surtout ces cinq dernières années. Elle ne représente plus que 0,4% de la pondération du CAC40, contre un peu plus de 9% pour les leaders Total ou Sanofi.

Aventure boursière ratée

Techniquement, donc, le titre EDF a toutes les caractéristiques du prochain sortant du CAC40, comme l’ont été Air France KLM, ou Peugeot, qui a eu la chance d’y retourner après plusieurs années de purgatoire qui lui ont plutôt réussi.

Mais le cas EDF est bien complexe pour l’investisseur boursier. Vendu lors de son introduction comme investissement ultra-sûr, un peu comme un Air Liquide, et forcément gagnant sur le long terme, EDF est jusque là une aventure boursière ratée, avec des petits porteurs très déçus.

Modèle structurel trop lourd

Mais c’est à peu près l’ensemble du modèle industriel d’EDF qui devient un poids pour la bourse: un endettement très lourd, face à une rentabilité peu élevée. Avec en plus des contraintes réglementaires croissantes et toujours complexes à évaluer en termes de perspectives.

Et puis l’État actionnaire lui-même constitue un vrai handicap boursier. Il fait d’EDF un dossier éminemment politique, soumis aux aléas des stratégies gouvernementales en matière d’énergie, et notamment de la fixation des prix. Si une entreprise française n’a aucune liberté pour fixer ses tarifs en fonction de l’offre et de la demande, c’est bien EDF.

Inquiétude des pouvoirs publics?

Sans compter des masses impressionnantes d’investissements nécessaires pour entretenir ou démanteler le parc de production existant, et aux projets futurs! Le tout avec en plus une alliance lourde à gérer désormais avec Areva.

Trop de poids sur le titre EDF, qui s’il sort du CAC40 lors du prochain remaniement, pourrait subir une deuxième phase de baisse, beaucoup plus spectaculaire encore, de nature à commencer à alarmer les pouvoirs publics, soucieux de valoriser au mieux, ou le moins mal possible, leurs intérêts financiers.

Antoine Larigaudrie