(BFM Bourse) - Le spécialiste français de la gestion de l'eau et des déchets plie de près de 3%, au plus bas depuis août, alors que son premier actionnaire Engie a confirmé qu'il n'entendait pas monter au capital.

Confirmant une information initialement rapportée par Les Echos Engie a annoncé mardi qu'il conserverait son niveau actuel de participation au capital de Suez, excluant de facto la possibilité de prendre le contrôle du numéro 2 mondial de la gestion de l'eau et des déchets. Le producteur et distributeur d'énergie a entériné ce statu quo lors d'un conseil d'administration réuni dans l'après-midi. Pour la première fois, Engie exclut ainsi implicitement le lancement d'une OPA alors que l'idée d'une fusion était jusqu'ici défendue par certains intervenants.

Dans un communiqué, Engie a confirmé son intention de rester l’actionnaire de référence de Suez en se disant prêt à renforcer les coopérations industrielles et commerciales. Le conseil d’administration a confirmé "sa volonté de soutenir activement le développement de Suez en conservant son niveau actuel de participation"

Débat sur les synergies

Si la prise de contrôle de Suez n'a pas été l'option retenue par la direction d'Engie -notamment la directrice générale Isabelle Kocher et le président du conseil d'administration Jean-Pierre Clamadieu- c'est que les synergies ne leur semblaient pas évidentes. Les analystes du Credit Suisse partagent cet avis expliquant, dans une note publiée l'été dernier, ne voir "aucune logique stratégique" à un rapprochement, mais ce point ne faisait pas l'unanimité.

Selon un schéma privilégié par Kepler Cheuvreux en 2016, Engie aurait pu porter sa participation dans Suez à 66% en fusionnant sa filiale de services énergétiques Cofely avec le numéro deux mondial de la gestion de l'eau. “Echanger Cofely contre de nouvelles actions Suez, avec un ratio d’échange intelligemment équilibré, serait la démarche la plus souple et la plus judicieuse d’un point de vue industriel”, estimait Julie Arav, analyste chez Kepler Cheuvreux, dans une note.

Engie chercherait à placer l'un des siens à la tête du chiffre d'affaires de Suez

Le renoncement d'Engie à une OPA intervient à un moment crucial pour Suez, qui s'apprête à nommer un nouveau président de son conseil d'administration et un nouveau directeur général, pour succéder respectivement à Gérard Mestrallet et Jean-Louis Chaussade qui atteindront tous les deux la limite d'âge statutaire en 2019. C'est à Anne Lauvergeon, présidente du comité des nominations et de la gouvernance, que Suez a confié son plan de succession.

Selon Les Echos, Engie chercherait à placer l'un des siens, Pierre Mongin, son secrétaire général qui siège déjà au conseil d'administration de Suez, à la présidence de ce dernier. Mais comme le relève une autre source, si "Engie a évidemment un rôle important dans le processus de nomination" en sa qualité de premier actionnaire, "il n'est pas le seul décisionnaire" non plus. Engie compte quatre administrateurs sur dix-neuf au conseil de Suez.

Suez recule, Engie se redresse

À la baisse, le titre Suez perd 3,04% à 11,96 euros vers 17h00, la plus forte baisse du SBF 120. De son côté, le titre Engie progresse de 2,29% à 12,26 euros. Ce nouveau repli de l'action Suez --après les grosses pertes journalières de jeudi dernier et lundi dans des marchés baissiers- ramène le cours à son plus bas depuis début août dernier. Par ailleurs, le spécialiste de la gestion de l'eau a désormais perdu près de 20% de sa valorisation boursière depuis le 1er janvier, sous-performant Engie (-15% dans le même temps).