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ENTRETIEN: Neopost prêt à maintenir le niveau de son dividende pendant 3 ans - PDG

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- Neopost s'estime en mesure de maintenir son dividende pendant au moins 3 ans - Le groupe pense pouvoir stabiliser son activité dans le courrier traditionnel - A terme, la rentabilité pourrait atteindre 15% à 20% dans ses nouveaux métiers, contr

- Neopost s'estime en mesure de maintenir son dividende pendant au moins 3 ans

- Le groupe pense pouvoir stabiliser son activité dans le courrier traditionnel

- A terme, la rentabilité pourrait atteindre 15% à 20% dans ses nouveaux métiers, contre 25% dans le courrier

- Un chiffre d'affaires de 450 millions de dollars visé à terme dans les nouveaux métiers

PARIS (Dow Jones)--Le spécialiste des salles de courrier Neopost (NEO.FR) veut continuer à rémunérer généreusement ses actionnaires, malgré l'impact sur sa rentabilité du virage stratégique engagé en 2012 pour renforcer son potentiel de croissance, a déclaré son PDG à Dow Jones Newswires.

"Nous pensons avoir les moyens de pérenniser le versement d'un dividende de 3,90 euros par action, au moins pendant les trois prochaines années, sans que cela nous empêche de réaliser de nouvelles acquisitions", a affirmé Denis Thiery, le patron de Neopost, pendant un entretien avec Dow Jones Newswires.

Un rendement parmi les plus élevés du SBF 120

Face au déclin du courrier et à l'essor des solutions électroniques de communication, le fournisseur d'équipements et de solutions afférentes pour le traitement du courrier, comme les machines de tri, de mise sous pli ou d'affranchissement, a engagé début 2012 une diversification vers des métiers à plus forte croissance, via notamment plusieurs acquisitions. Sur l'exercice 2012-2013, clos en janvier dernier, Neopost a dégagé un chiffre d'affaires de 1,07 milliard d'euros et un bénéfice net de 161 millions d'euros.

A son cours actuel d'environ 56 euros, l'action Neopost offre un rendement proche de 7%, parmi les plus élevés des sociétés du SBF 120. Des doutes ont cependant pesé sur la capacité du groupe à maintenir une politique de rémunération aussi généreuse en raison de l'impact sur son activité de l'arrivée à maturité de son coeur de métier, mais également des conséquences sur ses marges d'une diversification vers des métiers moins rentables.

Résistance du coeur de métier et stabilisation entrevue

Pour sa part, Denis Thiery met l'accent sur la solidité financière de Neopost et sur sa génération de trésorerie. "Le dividende versé par Neopost à ses actionnaires est couvert par le cash généré par les opérations", a-t-il souligné. "Notre dette est entièrement couverte par les flux futurs générés par les machines placées en location et en crédit-bail. Neopost n'est par ailleurs pas endetté, et dispose même d'environ 500 millions d'euros de lignes de crédit non tirées", a-t-il ajouté.

En outre, le dirigeant souligne que Neopost jugule l'impact de la baisse des volumes de courrier sur ses activités traditionnelles par une stratégie offensive de gains de parts de marché, grâce à l'innovation, le développement de nouveaux services et l'expansion géographique. Une politique d'autant plus efficace que le déclin des volumes de courrier est relatif, et dépend aussi de la conjoncture: il peut atteindre 4% à 5% au Royaume-Uni ou en France, mais être pratiquement nul dans des pays comme l'Allemagne. Enfin, l'impact de ce déclin sur l'activité de Neopost est progressif, puisque l'activité du groupe est basée sur des contrats de location ou de crédit-bail s'étalant sur cinq ans.

"A long terme, nous pensons que les volumes de courrier traités vont se stabiliser", a jugé Denis Thiery. "Les cabinets spécialisés estiment par exemple que le nombre de plis échangés aux Etats-Unis pourrait se stabiliser entre 130 et 150 milliards par an à l'horizon 2020, contre environ 160 milliards actuellement et près de 210 en 2007, avant la crise économique. Le marché sera donc plus petit, mais il restera important. Cela justifie pour Neopost de continuer à investir et de rester sur ce marché", a-t-il affirmé.

Des relais de croissance qui nécessitent des investissements

Mais cela ne suffira pas à générer durablement de la croissance. "Cette année, dans nos activités traditionnelles, je pense qu'on arrivera à compenser une activité moins porteuse dans certains pays d'Europe par la dynamique acquise sur des marchés comme l'Amérique du Nord et l'Asie-Pacifique", a estimé le PDG. "A moyen terme, je pense qu'on saura préserver le chiffre d'affaires de nos activités traditionnelles, voire le faire croître légèrement mais guère plus".

Pour relancer son développement, Neopost a engagé une politique de diversification dans des activités plus dynamiques, qui ne sont pas directement liées au courrier, mais que le groupe peut proposer à ses clients existants et avec lesquelles des synergies sont réalisables.

Grâce notamment aux acquisitions en 2012 des sociétés Human Inference et GMC Software, le groupe veut devenir leader dans la gestion du colis (traçage, suivi, réception), la composition de documents (contrats, relevés de comptes, factures) et la qualité des données (qui reste garantie en cas par exemple de changement d'adresse ou de métier).

Chacun de ces trois marchés génèrent un chiffre d'affaires de 1 milliard de dollars, estime la société, contre 5 à 6 milliards pour son marché historique.

Prêt à en découdre pour s'imposer dans ses nouveaux métiers

"Dans un premier temps, nous nous sommes fixés pour objectif d'atteindre un chiffre d'affaires total de 200 millions d'euros dans ces métiers à l'horizon 2014, soit environ 17% à 18% du total", a expliqué Denis Thiery. "Ces nouveaux métiers dégagent actuellement des marges d'environ 12% en raison des investissements qu'ils nécessitent. Mais leur rentabilité pourrait à terme atteindre de 15% à 20% du chiffre d'affaires, contre 25% dans nos métiers traditionnels", a-t-il précisé.

Le cap des 200 millions d'euros de chiffre d'affaires ne devrait constituer qu'une première étape. "Nous estimons que pour devenir un leader reconnu de ces marchés, il nous faudra à terme s'en octroyer de 10% à 15%. Cela représenterait de 100 à 150 millions de dollars de chiffre d'affaires pour chacune de ces trois activités, et donc un total de 450 millions dans des métiers à plus forte croissance, nos activités traditionnelles restant globalement stables", a estimé le patron du spécialiste des salles de courrier.

Cette diversification n'est pas sans risques. Le groupe s'attaque à de nouveaux marchés sur lesquels la concurrence est autrement plus rude que dans celui des équipements et solutions pour le traitement du courrier, qu'il se partage pratiquement avec le numéro un mondial du secteur, l'américain Pitney Bowes (PBI).

"Certes, la concurrence est beaucoup plus ouverte dans nos nouveaux métiers, mais le marché est éclaté et je pense que nous disposons des atouts nécessaires pour y devenir un acteur de premier plan", estime pour sa part Denis Thiery. "Adossées à un groupe de la taille de Neopost, nos nouvelles activités bénéficient de l'accès à nos 800.000 clients, à un réseau de distribution efficace, directement présent dans 30 pays, et des moyens technologiques et financiers nécessaires à leur développement", a-t-il expliqué.

"Même si elles vont affronter des acteurs rattachés à des groupes encore plus gros, Neopost sait faire preuve d'agilité. Face à un groupe comme Pitney Bowes, nous avons été habitués à jouer les David contre Goliath", a déclaré Denis Thiery.

- Ambroise Ecorcheville, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 71; ambroise.ecorcheville@wsj.com

(END) Dow Jones Newswires

November 18, 2013 06:48 ET (11:48 GMT)

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