La Fed enquête sur des délits d'initiés

La Réserve fédérale américaine s'intéresse à des mouvements suspects sur les actions et le marché de l'or juste juste avant l'annonce surprise de maintenir sa politique monétaire. Les médias et le trading haute fréquence sont dans son collimateur.

La Réserve fédérale américaine confirme, ce mercredi 25 septembre, enquêter autour d'éventuels délits d'initiés. D'après le Financial Times, elle s'intéresse à des mouvements suspects sur les actions et le marché de l'or, juste avant la publication de la Banque centrale américaine de maintenir sa politique monétaire en l'état.

La Fed enquête non seulement auprès des firmes de courtage, mais surtout, et c'est nouveau, auprès des agences et organes de presse américains. Elle veut savoir si la procédure de publication des décisions du comité de politique monétaire a bien été appliquée.

C'est tout le débat du moment outre-Atlantique. Jusqu'à il y a quelques semaines, certaines banques, certains courtiers, souscrivaient auprès de la presse financière des abonnements premium, leur permettant d'avoir accès à des publications stratégiques quelques minutes avant leur publication officielle.

De quoi leur permettre de disposer de la fraction de seconde nécessaire pour envoyer des ordres à haute fréquence sur les marchés.

Des positions prises 10 minutes avant les annonces de la Fed

En l'occurrence, si l'on se fie aux données du cabinet Nanex, spécialiste de l'observation des données haute fréquence, certains ont pris position à l'heure exacte de la publication de la décision de la Fed de ne rien changer. L'orientation des positions, la surprise occasionnée par la décision, montrent que tout cela n'avait rien d'un pari à contre-marché.

Encore mieux, l'once d'or fin, c'était d'ailleurs observable à l'œil nu, a pris une cinquantaine-soixantaine de dollars d'un coup, plusieurs dizaines de minutes avant l'heure officielle de publication. Preuve qu'il y a eu des fuites...

Si les coupables sont démasqués, les autorités américaines auraient là leur première très sérieuse jurisprudence en matière de délit d'initié à haute fréquence. Ce qu'elle cherche à faire depuis des mois pour pouvoir encadrer un peu plus strictement la pratique.

Antoine Larigauderie