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FED : la perspective d’une hausse de taux s’éloigne encore

Période complexe pour Janet Yellen, qui va peut-être devoir remettre à l'année prochaine le début du processus de normalisation de la politique monétaire américaine

Période complexe pour Janet Yellen, qui va peut-être devoir remettre à l'année prochaine le début du processus de normalisation de la politique monétaire américaine - Alex Wong - Getty Images North America - AFP

Grande prudence de la Réserve Fédérale américaine dans son Beige Book hier soir : activité et emploi en croissance "modeste", et inquiétudes autour de la Chine. Un discours de nature à écarter encore un relèvement rapide des taux directeurs.

Toujours difficile d’y voir clair dans le jeu de la Fed. Et la Réserve Fédérale américaine, qui s’était organisée une fenêtre de tir confortable pour enfin relever ses taux directeurs, au plus bas depuis plusieurs années, semble désormais un peu coincée en matière de timing.

La semaine dernière, le Vice-Président Stanley Fischer avait réaffirmé que la Fed se gardait la possibilité de passer à l’action en septembre, tout en admettant regarder de près les marchés, actuellement très turbulents.

La croissance tient bon

Et le discours développé dans le Beige Book est lui aussi d’une grande prudence, mais cette fois sur des considérations qui touchent l’économie américaine elle-même. On sent de la circonspection, pour ne pas dire un certain regain d’incertitude du côté de la Fed.

Côté conjoncture économique en dur, pas de grand changement de ton. Dans toutes les régions-clé de l’économie américaine, les Gouverneurs notent que l’activité reste en croissance. L’amélioration reste continue et la tendance favorable sur la période juillet-août.

Croissance "modérée" et "modeste" de l’emploi

Mais du point de vue du marché du travail, on sent de la prudence. La Fed note une amélioration, mais "modeste" et "modérée". De plus, facteur regardé de près, l’inflation salariale est encore très faible : les salaires n’ont augmenté que de manière très "légère" reconnaît la Fed, et encore uniquement dans certains secteurs.

Donc pour le moment, pas de signe d’inflation salariale. Et ceci couplé à une inflation générale faible, montre bien qu’on est encore en-dessous des objectifs que s’est fixé la Fed pour diriger son action monétaire, les fameux 2%. D’autant que l’indice des prix a eu tendance à être surestimé sur la première partie de l’année, de l’aveu même de l’institution le mois dernier.

Chine : inquiétudes explicites

Enfin, signal qui n’est pas passé inaperçu, la Réserve Fédérale s’inquiète explicitement de la conjoncture chinoise et des turbulences de marché. La FED de Boston qui compile l’ensemble des données nécessaires à la rédaction du Beige Book, y voit une menace.

Beaucoup d’acteurs économiques interrogés citent la Chine comme un poids qui pèse sur l’activité générale. L’impact est considéré comme relativement modeste pour le moment, mais pourrait tendre à s’amplifier si les turbulences de marché perdurent, avec des dégâts considérables à prévoir en matière de flux financiers et d’investissement.

Timing de plus en plus complexe

Le chemin qui paraissait tout tracé pour un relèvement des taux en septembre paraît donc désormais bien plus tortueux. La plupart des économistes écartent désormais une action ce mois-ci. Mais il ne reste pas beaucoup de possibilités avant la fin de l’année, la dernière grande date étant la réunion du mois de décembre.

On reste donc de plus en plus convaincu chez les courtiers, dans les grandes banques d’affaires et sur les marchés en général, que la Fed aura du mal à impulser quoi que ce soit cette année, alors que malgré tout le temps presse en matière de timing d’action.

Antoine Larigaudrie