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Les Français commencent à bouder les placements sûrs

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Le montant global placé sous forme d’assurance vie continue à augmenter mais à un rythme qui ralentit. Simultanément, la baisse des placements en livret A a été de 1,44 milliards d’euros. Les Français donnent l’impression d’abandonner ces deux vecteurs traditionnels de leur épargne du fait de leur faible rémunération.

Pour le livret A, c’est net, pour l’assurance vie, on est dans une phase de stabilisation. L’encours d’assurance vie est de 1 420 milliards d’euros environ. L’encours du livret A est de 230 milliards d’euros et de 350 milliards si on y ajoute le livret développement durable. La baisse du taux de rémunération du livret A à 1,25% explique évidemment ce repli. L’assurance vie est moins touchée car les taux restent autour de 3%, soit plus que l’inflation.

En fait, les Français épargnent moins qu’on ne le croit. Le taux d’épargne a tendance à baisser depuis une cinquantaine d’années ; et surtout ils consacrent de plus en plus de moyens à se constituer un patrimoine sous forme de logements. Cela se traduit par un niveau des prix dans l’immobilier qui reste élevé et par une baisse de ce que l’on appelle l’épargne financière. Dans les périodes de crise, les ménages ont tendance à mettre de l’argent de côté ; or c’est de moins en moins le cas. Dans les années 70, les années difficiles, ils mettaient 9% de leur revenu en épargne financière. En ce moment ce taux est descendu à 6%.

Est-ce grave ? Si les Français n'épargnent pas, ils consomment, ce qui soutient l

En fait, notre déficit extérieur montre qu’ils consomment des biens étrangers en abondance. Ce déficit traduit globalement une faiblesse de notre épargne tandis que notre faible croissance indique qu’elle est mal utilisée. Nos entreprises ont du mal à se financer et sont obligées de faire appel à des investisseurs étrangers. Notre épargne va trop vers le logement et la dette publique.

Le gouvernement devrait réfléchir au problème de l’épargne en abandonnant l’idée que l’épargne est une sorte de thésaurisation stérile des fonds. Elle finance l’investissement. Il faut donc relever notre taux d’épargne et l’orienter en priorité vers les entreprises. Evidemment, dans un pays qui fuit le risque et a mis le principe de précaution dans sa constitution, cela constitue une vraie révolution culturelle.

Mais c’est d’autant plus nécessaire que le vieillissement de la population appelle un accroissement de notre épargne. Pour payer les retraites futures, il faudra soit des jeunes qui travaillent, soit des revenus d’une épargne habilement placée notamment dans les pays restés jeunes. La vraie assurance vie est le placement réalisé dans des activités durablement rentables.

Jean-Marc Daniel