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Comment Fiat veut forcer la main à General Motors

Avec l'aide de puissants fonds américains, le patron de Fiat-Chryslet à toujours l'intention de se lancer à l'assaut de l'empire GM, et ainsi decréer le plus grand constructeur automobile du monde

Avec l'aide de puissants fonds américains, le patron de Fiat-Chryslet à toujours l'intention de se lancer à l'assaut de l'empire GM, et ainsi decréer le plus grand constructeur automobile du monde - Marco Bertorello - AFP

On croyait à une fanfaronnerie du fantasque patron italien il y a quelques semaines, pas du tout. Le projet d’une offre sur General Motors commence à prendre corps, et pour cela Sergio Marchionne, le patron de Fiat-chrysler, va s’allier à plusieurs fonds activistes américains pour arriver à ses fins.

Piqué au vif, Sergio Marchionne. Il y a quelques semaines, au milieu d’une campagne américaine intense, au cours de laquelle il a vanté Fiat auprès de Tesla, d’Apple et de Google, il avait demandé un rendez-vous à la présidente de General Motors, Mary Barra, pour parler éventuellement d’alliances stratégiques et pourquoi pas, une fusion en bonne et due forme.

La réponse a été plutôt sèche, sous la forme d’un mail lui notifiant que Mary Barra n’avait pas le temps de lui accorder un rendez-vous. Qu’importe, cela n’a visiblement pas découragé Sergio Marchionne, qui revient à la charge avec un plan construit et des ambitions toujours énormes.

Se liguer avec des fonds activistes

Selon le Wall Street Journal, qui avait révélé les premières propositions de Fiat-Chrysler à GM, Sergio Marchionne s’est épaulé de puissant fonds activistes américains pour se lancer dans une offensive qui pourrait dépasser les 50 ou 60 milliards de dollars.

La technique des fonds activiste est simple. On entre au capital d’une entreprise où on sent que les actionnaires sont tentés de réclamer plus de création de valeur à la direction, ou des changements stratégiques de nature à créer du bénéfice en retour. On fédère les actionnaires, on émet des résolutions en assemblée générale, et on obtient des rachats d’actions, des dividendes plus généreux, voire des démembrements, des scissions d’activités…

Convaincre GM des bienfaits d’une alliance

Un des grands fait d’armes des fonds dits activistes fut l’action menée par TCI, qui en prenant seulement 1% du capital du géant bancaire néerlandais ABN Amro, avait réussi à déclencher un véritable big bang financier au cœur de l’Europe, qui a mené au démembrement total de la banque.

Et c’est avec ce genre de partenaires influent et souvent décisif que Sergio Marchionne veut lancer son assaut. Dotés de bonnes réserves de cash prêtes à être investies, épaulés aussi par des hedge funds plus classiques, on a clairement une alliance potentielle de nature à faire plier General Motors.

Capital morcelé

Le constructeur, même s’il est doté d’une capitalisation boursière de 50 milliards de dollars, a une structure de capital plutôt morcelée, et l’irruption d’un bloc d’actionnaires unis pourrait changer la donne, surtout s’ils arrivent à fédérer les actionnaires autour d’eux.

General Motors avait d'ailleurs cédé à un groupe de fonds activistes il y a quelques mois, concédant un gros plan de rachats d’actions de 8 milliards de dollars. 

Fiat-Chrysler et sa rentabilité au centre du projet

Sergio Marchionne voudrait rééditer l’exploit mais cette fois pour imposer sa stratégie, à savoir la nécessité d’une alliance, de partage des moyens de productions, de synergies créatrices de valeur. Mais là où le patron va devoir jouer finement, c’est de convaincre ses partenaires de partir à l’assaut alors que c’est plutôt lui-même qui a besoin de cette alliance!

En effet, Fiat pâtit d’une gamme vieillissante et peu en pointe en matière de motorisation propres et économiques. Ses marges sont très peu élevées: 3,7% au dernier trimestre, contre le double pour General Motors. C’est donc Fiat-Chrysler qui a besoin de GM et non l’inverse, et ce sera sans doute l’aspect le plus intéressant de cette offensive si elle se concrétise.

Antoine Larigaudrie