Gestion d'actifs: "Cash is King"!
Les banques centrales ont beau alimenter le marché en liquidité à travers le monde, et encourager la prise de risque, les investisseurs semblent préférer laisser dormir l’argent. Et preuve de l’extrême prudence des gérants, la forte hausse des placements "cash", investissements placés sur support monétaire.
Réputés très peu rémunérateurs, surtout en cette période de taux bas, il constituent la parfaite illustration d’un marché sans idée, qui laisse l’argent de côté avant que de nouvelles tendances se dessinent.
Actions et obligations mondiales peu performantes
On serait donc à un point-charnière très important à court-moyen terme, qui recoupe des données historiques. Ainsi, depuis le début de l’année, le retour sur investissement sur les marchés actions du monde entier en moyenne, est négatif de 6%.
Pour ce qui est des marchés obligataires, où l’on cumule valeur des obligations et rendement, on tombe sur une performance négative aussi, à -2.9%
Seul le dollar résiste
Le placement le plus catastrophique étant les placements sur les matières premières physiques, où les produits financiers qui s’y rapportent. Là on a une dégringolade rarement observée à -17%, principalement alimentée par la chute libre des cours du pétrole sur un 1 an et demi.
Finalement, du point de vue du retour sur investissement, le placement le plus intéressant aura été d’acheter du dollar. Le retour est très largement positif et surpasse à peu près toutes les classes d’actifs, avec une performance positive à hauteur de 6%.
Le monétaire toujours stable
Mais au milieu de tout ça, le cash, le monétaire, réalise une performance intéressante pour n’importe quel gérant, puisque sa performance depuis de début de l’année en terme de retour sur investissement est… nulle. Zéro ! Donc, au moins, cette catégorie d’investissement ne perd rien. Et les placements cash qui font mieux que les actions et les obligations, on n’a pas vu ça sur les marchés depuis 25 ans !
Ces chiffres qui sont confirmés même par des tendances de très court terme. La semaine passée a été particulièrement turbulente, avec le statu quo puis les commentaires de la Réserve Fédérale américaine sur sa politique monétaire, sans compter le scandale Volkswagen, difficile pour les investisseurs de prendre position.
Peu de prises de positions décisives
Car on est à un point charnière de la tendance sur les marchés actions : soit on parie à nouveau à la baisse et on se fait à l’idée sur les gains accumulés depuis le début de l’année soit injustifiés, soit on repart à l’achat en profitant de niveaux d’entrée intéressant et en pariant que le marché va remonter.
Hors, il est très difficile pour les gérants de long terme d’opter pour l’une ou pour l’autre. Alors en attendant que le marché se tasse un peu, et que de nouveaux catalyseurs animent le marché dans un sens ou un autre, on opte pour le cash.
Exceptions : actions européennes et japonaises
Rien que sur la semaine dernière, les fonds monétaires mondiaux ont engrangé 17 milliards de dollars de flux d'investissement positifs, contre 400 millions seulement pour les fonds obligataires et des sorties de capitaux de 3.2 milliards pour les fonds actions globaux, dont la majorité sur les actions américaines.
Alors certes, encore une fois, ce sont les zones dépendantes des banques centrales très proactives, Europe et Japon qui en profitent pour attirer encore des capitaux sur leurs fonds actions. Sur la semaine passée, les flux y auront été positifs de 2.9 milliards et 900 millions de dollars.
Les Etats Unis en mauvaise posture
Mais hormis ces deux zones précises, il est clair que le cash a la cote. Et il en aura d’autant plus à priori dans les semaines à venir que les catalyseurs, notamment du côté du marché américain, risquent d’être négatifs pour le marché actions.
Déjà sur la semaine dernière, les fonds actions américains ont connu des dégagements de 7.4 milliards de dollars. Mais avec la perspective d’une Fed qui va monter ses taux, et de résultats d’entreprises américaines qui ne s’annoncent pas fameux (profits en baisse de 3.9% pour le S&P500), la tendance du repli sur le monétaire risque de s’accélérer dans les prochaines semaines.