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Hermès porte plainte contre LVMH pour faire dénouer sa montée au capital

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Inti Landauro et Nadya Masidlover DOW JONES NEWSWIRES PARIS (Dow Jones)--Le groupe de luxe familial Hermès International (RMS.FR) a annoncé mercredi avoir porté plainte devant le tribunal de commerce de Paris contre son concurrent LVMH Moët Henne

Inti Landauro et Nadya Masidlover

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PARIS (Dow Jones)--Le groupe de luxe familial Hermès International (RMS.FR) a annoncé mercredi avoir porté plainte devant le tribunal de commerce de Paris contre son concurrent LVMH Moët Hennessy Louis Vuitton (MC.FR), ouvrant ainsi une nouvelle étape du bras de fer qui oppose les deux groupes depuis bientôt trois ans.

Hermès souhaite faire annuler des produits dérivés complexes, appelés equity swaps, qui ont permis à LVMH d'augmenter sa participation dans son concurrent, a expliqué une porte-parole. Elle a précisé que ces swaps représentaient 12% du capital de la société.

Un représentant de LVMH n'a pas souhaité faire de commentaire sur cette plainte en particulier, mais a indiqué que toutes les actions en justice lancées jusqu'à présent par Hermès contre le groupe étaient "sans fondement".

LVMH avait pris Hermès - et les marchés financiers - par surprise en octobre 2010 en révélant avoir obtenu une participation de 17,1% dans le capital de son concurrent, au moyen de l'achat direct d'actions et de la conversion d'equity swaps.

En raison de la fragmentation de cette participation et de l'utilisation de produits dérivés, LVMH a pu échapper à l'obligation de déclarer ses positions, qui s'applique habituellement dès le franchissement du seuil de 5% d'une capital d'une société cotée. Depuis 2010, LVMH a poursuivi ses achats sur le marché et détient maintenant une participation de 22,3% dans Hermès.

Hermès a qualifié LVMH "d'intrus dans [son] jardin" et a exigé qu'il vende une partie de sa participation. La famille fondatrice a rapidement resserré les rangs pour former une société holding contrôlant la majorité du capital d'Hermès et empêcher ainsi toute tentative d'acquisition.

Hermès a ensuite entrepris de riposter, en portant plainte cette année contre LVMH, l'accusant de faits de délit d'initié et de manipulation de cours dans le but d'acquérir une participation dans son capital.

En réaction, LVMH a saisi à son tour la justice pour "dénonciation calomnieuse".

L'acquisition par LVMH d'une participation dans Hermès a également retenu l'attention de l'Autorité des marchés financiers (AMF), qui a ouvert une enquête sur cette opération peu après son annonce en 2010.

La Commission des sanctions de l'AMF doit rendre son verdict cet été, après avoir déterminé s'il peut être reproché à LVHM un défaut d'information du marché au sujet des actions Hermès qu'il détenait et aussi des produits dérivés qui lui ont permis de monter dans le capital du maroquinier de luxe.

Hermès cherche maintenant à faire annuler l'intégralité de la transaction sur les swaps.

Hermès affirme que ces swaps auraient dû être convertis en numéraire, et non en actions Hermès. La société demande au tribunal d'ordonner à LVMH de vendre les actions obtenues via ces swaps aux banques qui les lui avaient fournis, puis de les mettre en vente sur le marché. Les banques concernées sont Crédit Agricole (ACA.FR), Société Générale (GLE.FR) et Natixis (KN.FR).

Le vice-président de LVMH, Pierre Godé, a déclaré à l'AMF lors d'une audition le mois dernier que les equity swaps qui ont permis au groupe d'accroître sa participation dans Hermès constituaient initialement un investissement financier. Il a affirmé qu'avant octobre 2010, LVMH n'avait aucune intention de convertir ces dérivés, mais que des changements intervenus dans les conditions de marché au premier semestre 2010 avaient incité le groupe à revoir sa stratégie.

-Inti Landauro et Nadya Masidlover, Dow Jones Newswires

(Version française Emilie Palvadeau)

(END) Dow Jones Newswires

June 19, 2013 13:21 ET (17:21 GMT)

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