Hong Kong : la star déchue des bourses asiatiques

Il y a encore quelques mois, elle battait tous les records. La défiance actuelle des investisseurs face aux marchés émergents a eu raison de la place de Hong Kong désormais sinistrée. L'indice Hang Seng perd plus de 20% depuis ses plus hauts du début de l'année.

«Bear Market Territory». Le terme est utilisé précisément quand un indice boursier perd 20% ou plus par rapport a ses derniers plus hauts, et c'est exactement le cas de l'indice vedette de la Bourse de Hong Kong. Après avoir franchi le cap des 33.000 points en janvier dernier, en battant jour après jour record sur record, l'indice tourne désormais autour des 26.000.

Et cette baisse de plus de 20% par rapport aux derniers records est un point technique très regardé par les marchés, signifiant une tendance baissière de long terme. Hong Kong est donc sans doute entré dans une période de vache maigres, vitime de la défiance des investisseurs.

Double-peine

Une défiance générale en ce moment pour tous les marchés émergents en général et asiatiques en particulier. Avec en premier lieu la crainte de voir le climat encore se tendre en Chine et Etats Unis sur le terrain de la guerre commerciale et des surtaxes douanières. Elle entraîne l'Asie dans un marasme boursier rarement observé, les places du continent signant leur plus longue série de baisse depuis 16 ans.

Mais la sanction autour de Hong Kong est une sorte de double-peine. La devise chinoise, le Yuan, n'a fait que baisser depuis quelques mois avec ces tensions, avec la bénédiction des autorités chinoises qui y voient une forme d'avantage compétitif. Et la conséquence principale pour Hong Kong est que le coût d'investissement pour les investisseurs chinois devient prohibitif, alors que la Bourse de la cité opère avec sa propre monnaie, le Dollar de Hong Kong, qui lui parallèlement tient bon face à la devise américaine.

Tencent et HSBC en difficulté

La bourse de Hong Kong qui subit de plein fouet également la forte baisse de Tencent, le géant de l'internet chinois, qui y est coté. Ce dernier a vu sa capitalisation boursière fondre de 200 milliards de dollars depuis le début de l'année, du fait notamment des nouvelles initiatives gouvernementales dans le pays visant à mieux réglementer l'usage des jeux vidéo en ligne.

Enfin autre cas particulier qui pèse sur l'indice, HSBC, le poids lourd de la banque sino-britannique, qui souffre comme l'ensemble du secteur bancaire mondial de l'univers actuel de taux bas, qui nuit à sa rentabilité et l'empêche de résister à l'émergence de la banque digitale.

Une tempête boursière sur plusieurs fronts, qui devrait perdurer encore pendant quelques semaines. «On va rester dans un climat négatif au moins jusqu'aux élections américaines de mi-mandat, en novembre» dit Dickie Wong, analyste de marché chez Kingston Securities, qui prévoit une baisse supplémentaire de 5% pour l'indice Heng Seng d'ici là. Seule un véritable apaisement des tensions commerciales pourra éventuellement stopper la correction, en attendant d'évaluer les conséquences sur l'ensemble des économies asiatiques.

Antoine Larigaudrie