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Ils perdent 2 milliards en 24 heures et cela inquiète la droite américaine 

David, l'un des 2 frères Koch (les apparitions de Charles étant extrêmement rares), vice-président de Koch Industries, a perdu à lui tout seul 1 milliard de dollars sur la journée de lundi.

David, l'un des 2 frères Koch (les apparitions de Charles étant extrêmement rares), vice-président de Koch Industries, a perdu à lui tout seul 1 milliard de dollars sur la journée de lundi. - Chip Somodevilla - Getty Images North America

Respectivement 5ème et 6ème fortunes mondiales, à la tête du géant de la pétrochimie qui porte leur nom, Charles et David Koch ont vu une partie de leur fortune partir en fumée.... sur la seule journée de lundi. Et pourtant leur groupe n'est pas coté en Bourse. Explications.

Ils sont très discrets et pourtant, ils figurent parmi les 10 plus grandes fortunes du monde. Et jamais loin l’un de l’autre, puisqu’ils sont frères! Charles et David Koch président en effet aux destinées d’une des entreprises parmi les plus puissantes du monde, Koch Industries.

Présente dans le pétrole, les services pétroliers, la chimie de spécialité, le traitement des minerais, le papier, et même le bétail ( !), la holding familiale est un empire, également détenteurs de riches portefeuilles financiers placés dans plusieurs sociétés d’investissements.

Un indice qui mesure les grandes fortunes !

Mais même les empires doivent affronter des turbulences à court terme. Koch Industries n’est pas cotée en bourse, les deux frères sont d’ailleurs à l’unisson pour dire qu’il faudra leur "passer sur le corps" avant de mettre l’entreprise sur le marché ! Il n’empêche que les actifs quantifiables détenus par les deux hommes ont provoqué de fortes pertes.

Comment mesure-t-on le patrimoine des plus grandes fortunes, a plus forte raison quand l’un d’entre eux est constitué d’une holding non-cotée? Grâce à des indices! Aussi étonnant que ça puisse paraître, les plus grands patrimoines financiers du monde sont "cotés" au sein du Bloomberg 200, un indice édité par la fameuse agence américaine, et qui évalue pour ainsi dire en temps réel, le patrimoine des plus grosses fortunes mondiales.

Inquiétudes de marché, inquiétudes politiques

Cet indice évalue les actifs cotés comme non-cotés, en calculant la valeur de ces derniers en fonction des conditions de marché et de tout un tas de paramètres précis. Et au vu des secteurs d’activités dans lesquels est présent Koch Industries, la valorisation théorique des actifs et des stocks, l’orientation des marchés boursiers, obligataires et matières premières, et la valorisation des parts qu’ils détiennent dans des actifs côtés, leur journée de lundi dernier se sera soldée par une dégringolade spectaculaire de sa valorisation: -2 milliards de dollars.

Une égratignure diront certains. Le patrimoine cumulé des frères Koch atteint 100 milliards de dollars. Mais ces 2 milliards partis en fumée inquiètent un peu les observateurs du marché. Car cette mésaventure concerne l’un des acteurs américains les plus puissants de trois industries d’importance stratégique. C’est donc toute l’économie américaine qui peut en subir le contrecoup. Le signal est éminemment mauvais, vu qu’il touche l’ensemble des secteurs cycliques liés à l’évolution des cours des matières premières.

Les financiers de la droite dure

Mais cette déconvenue financière inquiète aussi l’Amérique politique. Car, au-delà de leur rôle capital d’héritiers d’un empire industriel de plus d’un siècle, les frères Koch sont également les principaux financiers du parti républicain, en pleine campagne pour les prochaines présidentielles, et également des Tea Parties ainsi que de bon nombres de groupe de réflexion de droite voire d’extrême-droite aux Etats Unis. L’année dernière, ils ont donné plus de 100 millions de dollars à l’ensemble des candidats et des comités de soutien républicains.

Le fondateur de la dynastie Koch, Fred C. Koch, qui a bâti de ses mains Koch Industries, en commençant par le développement de techniques uniques de raffinage, est aussi l’un des fondateurs de la John Birch Society, cercle d’influence américain né pour mobiliser des fonds pour la lutte contre le communisme et les idéologies de gauche de manière générale.

On peut ainsi mesurer comment de simples à-coups de conjoncture à court terme, peuvent avoir un impact notable jusqu’au cœur de la société du pays. Rappelons qu’environ un tiers de l’activité économique américaine repose justement sur le don des grandes fortunes.

Antoine Larigaudrie