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Les inégalités de revenus s'accroissent par le haut

Selon une étude de l'Insee, les revenus moyens des 1% de Français les plus aisés ont augmenté plus rapidement que ceux de l'ensemble de la population entre 2004 et 2007, entraînant une augmentation des inégalités par le haut. /Photo d'archives/REUTERS

Selon une étude de l'Insee, les revenus moyens des 1% de Français les plus aisés ont augmenté plus rapidement que ceux de l'ensemble de la population entre 2004 et 2007, entraînant une augmentation des inégalités par le haut. /Photo d'archives/REUTERS - -

PARIS - Les revenus moyens des 1% de Français les plus aisés ont augmenté plus rapidement que ceux de l'ensemble de la population entre 2004 et...

PARIS (Reuters) - Les revenus moyens des 1% de Français les plus aisés ont augmenté plus rapidement que ceux de l'ensemble de la population entre 2004 et 2007, entraînant une augmentation des inégalités par le haut, montre une étude publiée par l'Insee.

Le taux d'imposition moyen pour cette catégorie privilégiée est de l'ordre de 20% des revenus déclarés, ajoute l'étude publiée en plein débat sur la justice fiscale.

En 2007, le seuil d'appartenance aux très hauts revenus - les 1% de plus riches - s'élève à près de 84.500 euros pour le revenu déclaré aux impôts par unité de consommation, c'est-à-dire en tenant compte de la composition du ménage (une unité pour le premier adulte, 0,5 unité pour les autres personnes de plus de 14 ans, 0,3 pour les moins de 14 ans).

Cette limite correspond, par exemple, à un couple de cadres supérieurs gagnant chacun 5.300 euros nets par mois ou alors 4.000 euros mais avec en sus des revenus locatifs ou financiers de 2.600 euros mensuels pour le ménage.

Pour un couple avec deux jeunes enfants en revanche, le niveau de ressources mensuelles permettant d'être dans les très hauts revenus s'élève à près de 15.000 euros nets par mois.

Sans surprise, l'étude montre que la population des très hauts revenus est plus âgée que le reste de la population : ce sont majoritairement des personnes de 45 à 64 ans, à l'apogée de leur carrière professionnelle ou ayant pu accumuler un patrimoine, et 42% d'entre elles vivent en Ile-de-France, contre moins de 20% pour la population générale.

INÉGALITÉS HOMMES-FEMMES

Dans 82% des cas l'homme est le principal apporteur de ressources du ménage ce qui, selon Julie Solard, "met en évidence l'inégalité salariale persistante entre hommes et femmes et surtout le peu de femmes à des postes à forte responsabilité".

La quasi totalité de ces 1% de ménages les plus riches perçoivent des revenus d'activité ou de remplacement (salaire, traitements, chômage, retraite...) mais 93% touchent aussi des revenus du patrimoine, contre 40% de la population d'ensemble, et 27% des revenus exceptionnels - plus-values notamment - contre seulement 2% de la population.

Les revenus du patrimoine et exceptionnels composent en moyenne le tiers des revenus des plus aisés ou, pour le dire autrement, les 1% de plus riches perçoivent 5,5% des revenus d'activité et de remplacement déclarés mais 32% des revenus du patrimoine et 48% des revenus exceptionnels.

Or ces deux dernières catégories de revenus sont celles qui ont le plus augmenté entre 2004 et 2007 : +46% pour les revenus du patrimoine dans leur ensemble en euros courants et même +55% pour les revenus exceptionnels, à comparer à une hausse de 11% pour les revenus d'activité.

"L'augmentation très forte de ces deux types de revenus a contribué à une augmentation des inégalités par le 'très haut'", a souligné Julie Solard lors d'une conférence de presse.

Ainsi, alors que le revenu moyen déclaré par unité de consommation a augmenté de 9% entre 2004 et 2007 pour 90% de la population française, la hausse a été de 20% pour les 1% de très aisés et même de 39% pour les 0,01% de plus aisés.

QUELS SONT LES EFFETS DE LA CRISE ?

Pour autant, le taux d'imposition de leurs revenus a été de l'ordre de 20% sur la période, soit moitié moins que le taux maximum prévu par le barème de l'époque, du fait de réductions d'impôts et de déductions fiscales diverses.

"Cela représente en moyenne 270.000 euros par an pour les personnes les plus aisées", note l'Insee, tout en faisant état d'une grande variété des situations.

"Presqu'un quart des plus aisés à un taux d'imposition des revenus déclarés inférieur à 15%, et plus d'un autre quart un taux d'imposition supérieur à 35%".

Le taux d'imposition s'applique aux revenus déclarés et ne prend pas en compte les prélèvements sociaux, les impôts locaux et l'impôt de solidarité sur la fortune qui, eux, sont inclus dans le "bouclier fiscal" qui, depuis 2007, limite à 50% des revenus les impôts dus par un particulier.

Le club des riches n'est pas fermé : l'étude de l'Insee révèle aussi une forte augmentation du nombre de personnes à hauts revenus, en ligne avec la hausse du nombre de foyers assujettis à l'ISF (528.000 en 2007 contre 336.000 en 2004).

Entre 2004 et 2007, le nombre de personnes dépassant les 100.000 euros constants de revenu par unité de consommation a ainsi crû de 28%, et de 70% pour les personnes au-dessus du seuil de 500.000 euros.

Reste à voir quels effets aura eu la crise sur les revenus des plus aisés. L'Insee promet pour le mois de juillet des premiers éléments sur l'évolution des revenus en 2008.

Véronique Tison, édité par Yves Clarisse