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Interview de Loïc Jenouvrier, directeur finances d'Edenred.

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(CercleFinance.com) - Edenred a fait état le mois dernier d'un chiffre d'affaires de premier trimestre en progression de 8% en données comparables et confirmé son objectif de croissance en volume à moyen terme. Cercle Finance s'est entretenu à l

(CercleFinance.com) - Edenred a fait état le mois dernier d'un chiffre d'affaires de premier trimestre en progression de 8% en données comparables et confirmé son objectif de croissance en volume à moyen terme. Cercle Finance s'est entretenu à l'occasion avec Loïc Jenouvrier, son directeur financier, qui insiste sur la qualité et la stabilité du modèle économique du groupe de services prépayés aux entreprises.

Cercle Finance: En Bourse, le dossier Edenred est souvent ramené à la question des changes. En 2013, la dévaluation du bolivar au Venezuela vous avait plusieurs fois obligé à revoir vos prévisions de bénéfices. Qu'en est-il désormais?

Loïc Jenouvrier: L'évolution du taux de change de la devise vénézuélienne ne constitue plus aujourd'hui le même sujet de préoccupation qu'au cours des années passées. Si la situation de ses changes reste très atypique avec différents systèmes en place, son impact n'est plus aussi marqué sur nos comptes. A l'heure actuelle, le pays représente d'ailleurs moins de 1% de notre chiffre d'affaires total et de notre résultat d'exploitation.

CF: Certains analystes s'inquiètent néanmoins des effets négatifs de la dépréciation du réal au Brésil, un pays dans lequel vous êtes très présents. La situation est-elle comparable?

LJ: Au premier trimestre, la dépréciation du réal brésilien face au dollar a été contrebalancée par l'appréciation du dollar face à l'euro. Sur les trois premiers mois de l'année, le real s'est apprécié de 0,5% face à l'euro sur un rythme annuel, mais la base de comparaison sera moins favorable au cours des trimestres à venir. Si les choses devaient rester en l'état, l'effet lié à la dépréciation du réal sur l'ensemble de 2015 se situerait autour de cinq millions d'euros d'Ebit en année pleine, soit environ 1,5% de notre résultat d'exploitation. Nous n'avons aucun contrôle sur les mouvements des marchés des changes, mais ceux-ci n'ont de toutes façons pas d'influence sur le niveau de notre marge opérationnelle stricto sensu dans la mesure où il ne s'agit pas d'impacts transactionnels, mais seulement d'impacts de traduction comptable vers l'euro.

CF: Les professionnels s'inquiètent également du ralentissement de l'économie du pays. Le Brésil est-il un motif de préoccupation à l'heure actuelle?

LJ: Notre activité de titres-restaurant et de titres-alimentation n'est pas insensible à l'évolution du PIB. Le fait que le Brésil se dirige cette année vers une récession de 1% ou 2% devrait mécaniquement peser sur nos performances. Mais cela ne veut pas dire que notre dynamique de croissance dans les avantages aux salariés au Brésil ou en Amérique du Sud se trouve menacée, loin s'en faut. Dans les cartes-essence, un marché encore largement sous-pénétré en Amérique Latine, notre potentiel de croissance reste quant à lui considérable.

CF: Revenons sur l'émission obligataire de 500 millions d'euros sur 10 ans que vous avez lancée le mois dernier. Quelle est la logique derrière l'opération?

LJ: Avec la séparation d'avec Accor en 2010, qui avait pris la forme d'un apport-scission, nous avions hérité d'une partie de la dette du groupe. C'était d'ailleurs la raison qui nous avait poussés en septembre 2010 à lancer un emprunt obligataire de 800 millions d'euros sur une durée de sept ans. L'idée derrière la nouvelle émission est de redécouper nos échéances tout en profitant des conditions de marché favorables. Le coupon de 1,375% que nous allons devoir verser dans le cadre du nouvel emprunt est en effet bien plus intéressant que les 3,625% obtenus à l'époque.

CF: Votre situation financière vous permet-elle d'envisager de nouvelles acquisitions?

LJ: Comme notre BFR est négatif, nous disposons d'un flux de trésorerie disponible (FCF) très largement supérieur à notre résultat net, un écart qui nous permet - une fois la distribution du dividende servie par le bénéfice net (sur la base d'un 'payout' de 97%) - de bénéficier d'un volant d'action suffisant pour conclure des opérations de fusions-acquisitions (M&A). A ce titre, ProwebCE correspond exactement aux types d'opération que nous pourrions être amenés à envisager dans les mois qui viennent. Malgré la période d'euphorie boursière que nous connaissons actuellement, nous avons bien entendu l'intention de rester vigilants sur les prix qui seront déboursés.

CF: Les groupes cotés français semblent de plus en plus céder aux sirènes d'actionnaires réclamant davantage de dividendes et de rachats d'actions. Vous sentez-vous prêts à donner une autre impulsion à votre politique de redistribution?

LJ: A la différence d'autres secteurs où les cessions et autres changements de périmètre sont légions, la notion d'actions exceptionnelles n'existe pas dans notre métier. Chez Edenred, nous avons choisi de nous baser sur notre modèle économique lisible et pérenne afin d'assurer une redistribution régulière à nos actionnaires. Récurrence et croissance demeurent les maitres-mot de notre approche.

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