(BFM Bourse) - Le dollar US se traite lundi à son plus haut niveau depuis près d'un an et demi face à l'euro. L'accumulation d'incertitudes politiques en Europe affaiblit l'attrait de la monnaie unique tandis que la perspective d'une poursuite de la hausse des rendements renforce celui de la devise américaine.
Le cours de l'euro retombait à 1,1268 dollar lundi, son plus bas niveau depuis juin 2017 à l'aube d'une semaine critique aussi bien vis-à-vis de l'Italie que de la Grande-Bretagne. Alors que le contexte politique reste toujours aussi incertain sur le vieux continent, le dollar porté par le resserrement monétaire en cours outre-Atlantique n'en paraît que plus attrayant aux yeux des opérateurs sur le marché des devises.
L'Italie révisera-t-elle sa copie ?
Après le rejet le mois dernier du projet de budget prévisionnel pour 2019 de l'Italie, ciblant un déficit de 2,4%, l'Union européenne avait donné trois semaines au nouveau gouvernement pour présenter une version amendée conformes aux règles de bonne conduite financière européennes. Le délai expire mardi, sans que le gouvernement Salvini n'ait vraiment donné à entendre qu'il était disposé à revoir significativement sa copie.
En Grande-Bretagne, Premier Ministre en détresse
Par ailleurs, la Grande-Bretagne ne paraît accomplir aucun progrès dans l'élaboration d'un projet d'accord avec les membres de l'Union en vue du Brexit, supposé intervenir ne mars. Vendredi, le ministre des Transports Jo Johnson a démissionné en dénonçant l'absence d'avancées, et appelé à redonner la parole aux électeurs. Theresa May apparaît désormais autant critiquée par les eurosceptiques que par les pro-européens (comme Jo Johnson, plus favorable que son frère Boris à l'Europe) et dépourvue de l'esquisse même d'un plan crédible pour gouverner les relations avec l'Union, une fois le Brexit prononcé - l'an prochain en principe. Une absence d'accord serait catastrophique pour la Grande-Bretagne en premier lieu, mais une débâcle de la cinquième économie mondiale ne serait évidemment pas positive non plus pour ses voisins. La livre reculait d'ailleurs également nettement face au dollar, à 1,2914.
Le différentiel de taux plaide largement en faveur du dollar
Par rapport à ce tableau lourd de menaces, l'économie américaine ne semble pas devoir dévier de sa trajectoire de croissance, après des élections de mi-mandat où chaque camp a pu s'estimer vainqueur même si Donald Trump a perdu la majorité Républicaine à la chambre basse du parlement. Alors que le marché de l'emploi bat des records, la Fed a encore constaté la semaine dernière la bonne santé de l'économie et les données sur l'inflation attendues mercredi ne devraient qu'encourager l'institution à poursuivre ses hausses de taux. Les trois quarts des intervenants parient ainsi, selon les données du CME, sur un quatrième relèvement en décembre. Le taux des Fed Funds, compris entre 2 et 2,25% actuellement, pourrait ainsi grimper de 0,25 point supplémentaire, quand le principal taux de la BCE reste encore à zéro.