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Krach à Shanghai: un journaliste en accusation

Wang Xiaolu, journaliste réputé du magazine Caijing, a reconnu avoir provoqué par un de ses articles un mouvement depanique, et d'énormes pertes financières pour les investisseurs.

Wang Xiaolu, journaliste réputé du magazine Caijing, a reconnu avoir provoqué par un de ses articles un mouvement depanique, et d'énormes pertes financières pour les investisseurs. - Johannes Eisele - AFP

Son nom : Wang Xiaolu, accusé par les autorités chinoises d’avoir, quasiment soi-même, provoqué la dégringolade boursière de cet été à Shanghai. De sévères chefs d’inculpation contre une seule personne, au milieu d’une sphère financière chinoise en quête urgente de stabilité.

Aveux et coopération avec les autorités pour faire toute la lumière sur l’affaire. Wang Xiaolu, journaliste d’un magazine réputé, Caijing, a dû, "à la chinoise", faire son autocritique et confirmer les chefs d’inculpation dont il fait l’objet, et notamment rédaction et propagation de fausses nouvelles.

Wang Xiaolu, dans une déclaration officielle, déclare être détenu par les autorités chinoises et reconnaît qu’un de ses articles, paru le 20 juillet dernier, n’était le fruit que d’informations non-vérifiées, de considérations subjectives, qui ont a causé une panique et un désordre considérables, ainsi que de lourdes pertes pour l’ensemble des marchés. Il souhaite donc coopérer pleinement à l’enquête.

Rumeurs et tempête boursière

L’article en question évoquait notamment l’hypothèse d’une sortie massive des grands investisseurs chinois du marché actions, au vu de la volatilité générale des marchés, nouvelles qui à l’époque avaient déjà été qualifiées de " mensongères" et d’ "irresponsables".

Depuis les plus hauts de la mi-juin, le marché de Shanghai a perdu environ 40%, il gagne encore quasiment la même chose sur un an, +38%, mais il est clair que cette tempête boursière aura marqué les esprits et continue à le faire.

Grand ménage en cours

Car au-delà de ces déclarations spectaculaires, Pékin exige en urgence un nettoyage massif dans les rouages de son système financier, sous peine d’une poursuite des mouvements violents qui l’animent en ce moment, qui pourraient avoir un effet dévastateur, en matière de confiance des investisseurs étrangers et domestiques. Il ne faut pas oublier que l’Etat chinois reste de loin l’actionnaire numéro 1 du marché de Shanghai

En tout, ce sont actuellement plusieurs dizaines de responsables de haut rang qui sont mis en accusation, dont certains acteurs-clé des autorités de régulation. Un des grands patrons de l’agence CSRC a été mis en accusation pour délit d’initié, usage de faux et trafic d’influence.

Politique de soutien aux marchés en question

Il aurait notamment avoué avoir reçu plusieurs millions de dollars de pots-de-vin pour user de son influence, et faire grimper le cours de plusieurs actions d’entreprises cotées. Sans doute en lien avec la même enquête, plusieurs hauts dirigeants de la grande banque d’investissement Citic ont été mis en examen.

Une grande opération mains propres, mais qui n’est probablement pas sans laisser un goût à Wang Xiaolu. Ce week-end, le gouvernement chinois a décidé de mettre un terme aux programmes de rachats d’actions massifs mis en place via les grands fonds d’investissements publics du pays.

Vers une réforme de l'"Etat-Investisseur"

Cette politique, qualifiée d’ "Erreur" par les responsables politiques du régime de Pékin, est donc désormais caduque, mettant fin à des injections dont le montant total se chiffrent à 200 milliards de dollars depuis le mois de juin. Ce qui recoupe en partie certaines des informations évoquées par le journaliste en accusation.

Le Gouvernement étudie donc désormais une rationalisation en profondeur du rôle que doit jouer chaque institution d’état sur les marchés, afin d’éviter la cacophonie et d’améliorer leur efficacité en cas de coup dur, comme ces derniers mois.

Un remaniement majeur des autorités de régulation de marché est aussi attendu lors de la grande cérémonie de jeudi prochain, commémorant le 70ème anniversaire de la victoire sur le Japon, traditionnellement cadre privilégié pour l’annonce de nominations importantes de responsables-clé.

Antoine Larigaudrie