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L'AMF alerte sur un marché financier déconnecté de la réalité et une possible rechute

La Bourse de Paris continue d'avancer

La Bourse de Paris continue d'avancer - AFP

Pour l'autorité des marchés financiers, la stabilisation des marchés demeure fragile et leur rebond apparaît déconnecté des perspectives d’activité.

Avec une hausse de plus de 26% en trois mois, le CAC 40, l'indice vedette de la bourse de Paris s'est offert un de ses plus importants rebond de son histoire. Un rebond qui interroge.

Après les chutes historiques au moment de la pandémie, la place parisienne ne cesse de progresser depuis le déconfinement, convaincue d'une reprise économique rapide. Or, l'incertitude est totale, les plans sociaux et les révisions d'objectifs se multiplient chez les entreprises cotées.

Ce décalage et cet empressement inquiètent l'AMF (l'Autorité des marchés financiers) qui évoque même dans un communiqué publié ce jeudi "une possible nouvelle correction des marchés".

Des valorisations élevées

"Dans un contexte d’incertitude liée à l’évolution de la situation sanitaire et à l’impact réel de la crise sur les acteurs économiques, la stabilisation des marchés demeure fragile et leur rebond apparaît déconnecté des perspectives d’activité. Il est encore trop tôt pour évaluer pleinement certains effets de la crise, néanmoins les valorisations boursières apparaissent élevées au regard des prévisions de bénéfices", peut-on lire. 

Comme le signale le journal Les Echos, les rapports cours/bénéfices (le PER pour Price Earning Ratio) ont atteint des records. A la Bourse de Paris, il s'élève à 19,1 points, contre une moyenne historique à 17. Les soutiens sans faille des banques centrales semble alimenter une sorte de frénésie à l'achat. Mais pour l'AMF, les pertes ne sont pas correctement prises en compte dans la valorisation des actions. Notamment l'endettement des entreprises.

L'AMF estime que ce dernier "est aussi préoccupant: il s’accroît du fait de la chute de leurs revenus et des mesures de soutien passant d’abord par des prêts. Au niveau mondial, le risque d’insolvabilité constitue une vulnérabilité générale avec la menace de vagues de dégradations de notation et la crainte de mouvements de grande ampleur sur les marchés obligataires."

L'autorité émet d'ailleurs une piste, que "le financement en fonds propres nécessaire à la relance" passe par une réorientation progressive de la colossale épargne des ménages vers les entreprises.

Olivier Chicheportiche