BFM Patrimoine
Placements

La petite phrase de Janet Yellen qui fait douter les marchés

La président de la Réserve fédérale américaine, Janet Yellen, est une des rares personnes au monde à avoir le pouvoir d'influencer sensiblement les marchés boursiers mondiaux.

La président de la Réserve fédérale américaine, Janet Yellen, est une des rares personnes au monde à avoir le pouvoir d'influencer sensiblement les marchés boursiers mondiaux. - Brendan Smialowski - AFP

Pour la patronne de la Fed, les valorisations boursières américaines sont désormais "plutôt élevées". "Quite high" a-t-elle affirmé mercredi. Deux mots qui ont immédiatement semé le doute sur l’ensemble de la planète financière.

Peu de personnes ont le pouvoir de faire réagir autant le marché boursier mondial que les banquiers centraux. Surtout lorsqu’il s’agit de la présidente de la Réserve fédérale américaine. Mercredi, la puissance des mots était d'autant plus forte que Janet Yellen s'entretenait avec la patronne du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, lors d’une rencontre "Finance et Société" à Washington. 

Ces deux seuls petits mots, "quite high", "sensiblement élevé" en français, prononcé par la présidente de la Fed à propos du niveau des valorisations boursières aux Etats-Unis, ont suffi à confirmer des doutes récurrents sur les marchés américains. Ces valorisations, jugées élevées par rapport à la réalité des perspectives économiques du pays, et du contexte macro-économique général, constituent selon elle un danger. Un avis de plus en plus partagé par les investisseurs. 

Juste prix et dopage 

Pour preuve, les neuf séances de baisse consécutives qu’a aligné Wall Street ces derniers jours. Il faut dire que les marchés américains ont connu un rebond spectaculaire ces six dernières années, avec un doublement de la valeur de l’indice large S&P500.

Ces valeurs boursières ont été dopées par le plan de rachats d’actifs de la FED lancé par le prédécesseur de Janet Yellen, Ben Bernanke. Plan qu’elle a stoppé progressivement, pour se retrouver à gérer la phase II, à savoir trouver le bon moment pour remonter ses taux directeurs, encore à zéro. 

Environnement en cours de mutation 

La petite phrase de mercredi, ajoutée à la perspective d’une normalisation de la politique monétaire de la FED, fait donc douter le marché. Car si les actions fonctionnaient aussi bien jusqu'ici, c’était avant tout -directement et indirectement- grâce aux politiques accommodantes des banques centrales.

Aujourd'hui, dans un environnement qui a bien changé, notamment pour les actions américaines, on arrive donc à des valorisations "sensiblement élevées", selon Janet Yellen. Pas anormales, mais hautes.…

Pas de bulle spéculative

Trop hautes, même en tenant compte de la nette reprise économique américaine. Statistique après statistique, on constate que l'embellie de la conjoncture ne se passe pas sans à-coups, ce qui a tendance à complexifier encore la tâche de la patronne de la FED.

Cela dit, il n'y a pas de bulle spéculative pour autant. Janet Yellen en écarte l’hypothèse. En revanche, elle met encore en garde contre toute erreur d’anticipation sur les taux directeurs. Ceci constitue également, selon elle, un risque majeur. 

Marque de fabrique 

Un message en forme d'avertissement aux marchés et aux investisseurs, souvent accusés de déformer ou d’exagérer les initiatives et les prévisions de la Réserve Fédérale. Cet effort de communication constitue sans doute à ses yeux la mission la plus importante de Janet Yellen depuis qu’elle préside aux destinées de la FED. "Quand nous déciderons de remonter les taux, ça risque de grimper bien au-delà. C'est pourquoi nous tentons de communiquer au mieux sur ce que nous allons faire", dit-elle. 

Tranquilliser le marché, mais aussi le placer face à certains de ses excès, voilà sans doute la marque de fabrique de la méthode Yellen. Et elle tient à l’imprimer une bonne fois pour toutes avant de prendre ce qui sera sans doute la décision la plus importante du monde économique pour les décennies à venir: enclencher la remontée des taux américains.

S&P