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La plus grande banque allemande à nouveau dans la tourmente

La Deutsche Bank sérieusement pointée du doigt par les autorités financières américaines.

La Deutsche Bank sérieusement pointée du doigt par les autorités financières américaines. - Daniel ROLAND / AFP

La pression augmente d'un cran sur Deutsche Bank, jugée "fragile" par les autorités financières américaines.

La plus grande banque allemande est dans l'oeil du cyclone. Deutsche Bank accumule les mauvaises nouvelles. La Réserve fédérale américaine (Fed) vient de ranger ce groupe dans la catégorie des établissements financiers "en difficulté", comme l'a expliqué jeudi le Wall Street Journal. Une décision aux conséquences lourdes puisque la banque aura dorénavant l'obligation de consulter la Fed pour des décisions stratégiques comme le recrutement et le licenciement de hauts cadres.

En parallèle, la Federal Deposit Insurance Commission (FDIC), l'organisme de garantie des dépôts bancaires, l'un des principaux régulateurs financiers américains, aurait décidé d’inclure Deutsche Bank dans sa "liste de banques à problèmes".

Ces deux annonces ont fait chuté jeudi l’action Deutsche Bank de plus de 7% à Francfort (-7,15% à 9,157 euros), tout près de ses plus bas historiques de fin septembre 2016 (8,83 euros en séance le 30 septembre 2016). Le titre regagnait un peu de terrain vendredi (+3,8% à 9,51 euros à 16h20), poussé par des investisseurs cherchant à acheter ses titres à bon compte. 

Une dette qui inquiète

Mais la pression sur l'établissement bancaire est loin de diminuer. Au contraire. Standard & Poor’s vient en effet d'abaisser d’un cran vendredi, à BBB+, la note de la dette à long terme du groupe. Celle-ci se rapproche ainsi un peu plus de la catégorie des investissements spéculatifs. L’agence de notation pointe "des risques d’exécution considérables pour la nouvelle stratégie du groupe sur fond d’un marché défavorable".

Le groupe a changé en avril de patron, l'Allemand Christian Sewing succédant au Britannique John Cryan. Dans la foulée, il a annoncé une réorganisation en profondeur de son activité de banque d'investissement et la suppression de plus de 7000 emplois (sur 97.000) à travers le monde pour réduire les coûts et rétablir la rentabilité.

Deutsche Bank a enregistré en 2017 sa troisième perte annuelle consécutive, d’un montant de 512 millions d’euros, dans un contexte de repli de son activité, avec un produit net bancaire en baisse de 12%, à 26,4 milliards d'euros. Premières sources de revenus, ses activités dans la banque d’Investissement ont vu leurs recettes chuter de 15%, plombées par une très faible volatilité sur les marchés.

Par comparaison, BNP Paribas, la première banque française, a dégagé l’an dernier un profit net de 7,8 milliards d’euros et un produit net bancaire de 43,2 milliards d’euros, stable (-0,6%) par rapport à 2016. Et la Société Générale, qui affiche un produit net bancaire proche de la banque allemande (23,9 milliards d'euros), a enregistré un résultat net de 3,4 milliards d'euros en 2017.

François Berthon