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La preuve qu'il faut se méfier des conseil des "gourous" de la Bourse

En suivant les conseils du fameux éditorialiste Jim Cramer, un ancien professeur d'économie vient de prouver qu'il se trompait sur ses conseils les trois-quart du temps.

En suivant les conseils du fameux éditorialiste Jim Cramer, un ancien professeur d'économie vient de prouver qu'il se trompait sur ses conseils les trois-quart du temps. - Scott Gries - Getty Images North America - AFP

Professeur de finance à la retraite, David England avait décidé de suivre les conseils de Jim Cramer, un célèbre éditorialiste boursier de la chaîne de télévision CNBC. Bien mal lui en a pris: en sept mois, il a perdu près de 8% de sa mise.

Le conseilleur n’est jamais le payeur. Et surtout lorsqu’il s’agit d’affaires boursières. C’est ce qu’a voulu prouver l’ancien professeur de finance David England, qui l’a appris à ses dépens. 

Troublé par un éditorial du très influent Jim Cramer de CNBC, il a décidé de prendre au pied de la lettre ses conseils. Le 6 avril dernier, l’animateur de la célèbre émission "Mad Money", proposait des conseils pour anticiper plusieurs mois de climat boursier qui s’annonçait très houleux. Et qui le fut.

Actions à acheter d’urgence !

Il livrait en particulier une sorte de "Liste Magique" de 49 actions de sociétés réputées "A toute épreuve", et chaudement recommandées à l’achat.

"Ces sociétés vont grimper en bourse quel que soit le cas de figure: leur activité est essentiellement domestique, et elles sont précisément en mesure de profiter à plein de l’environnement actuel", annonçait fièrement Jim Cramer. Et il baptise même sa liste "Buy Right Now", à acheter d’urgence.

Jusqu’à -41%...

David England a donc décidé de relever le défi, en ayant conscience des risques. Il a placé au total 45.000 dollars sur les 49 valeurs de la liste, à pondération égale, pour voir ce que valaient les conseils du gourou. Et le résultat, 7 mois plus tard, fait plutôt peur.

En effet, 72% des actions se sont révélées perdantes. Et ce n’est qu’une moyenne, puisque les titres en question ont perdu entre 0.5% et… 41%. La pire performance étant signée par le groupe de distribution Kohl’s. Le retour est négatif de 7%, ce qui signifie que sur les 45.000 dollars placés, David England aura perdu près de 3.500 dollars.

Une expérience concluante

Un résultat très négatif pour une liste de valeurs vendues comme "A toute épreuve", mais qui n’a rien à envier non plus aux piètres performances des plus prestigieux hedge funds sur la période, certains d’entre eux étant même obligé de fermer certains de leurs supports d’investissements après des performances désastreuses.

Mais le but de David England, en tant qu’ancien professeur de finance, était aussi de démontrer combien il est dangereux de suivre aveuglément les conseils de gourous, qui, aussi influents et écoutés soient-ils, n’ont de compte à rendre à personne. D’autant que l’autocritique où une auto-évaluation n’intervient jamais de leur part.

Risque d’un "désastre financier"

"Il est fou de constater que ces personnes sont très écoutées par les petits porteurs américains, donnent des conseils concrets, de conviction, avec des objectifs précis, et que personne ne contrôle leurs dires et leurs performances de manière rationnelle" dit-il.

"Je n’ai personnellement rien du tout contre Monsieur Cramer, mais en tant qu’investisseur particulier et ancien professeur, je vois des quantités de traders amateurs foncer tête baissée en suivant ce genre de conseils et risquer leurs économies", précise David England, avant d’ajouter : "Il y a là, au vu de l’importance de l’actionnariat particulier dans le pays, une source possible de désastre financier".

… pourquoi ne pas se payer plutôt des îles grecques?

Le fameux blog financier ZeroHedge, amusé par cette aventure à vocation expérimentale du Professeur England, lui a suggéré d’adopter une autre méthode, à savoir tenter de prouver la médiocre fiabilité des oracles de marché… en en tirant profit.

ZeroHedge note en particulier que si David England avait pris il y a 6 mois des positions exactement inverses à celles que proposait un autre gourou de CNBC, Dennis Gartman, à l’époque, il serait désormais à la tête d’un pactole suffisant pour se payer plusieurs îles grecques.

Antoine Larigaudrie