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La prodigieuse remontée des cours du pétrole se poursuit

La remontée actuelle des cours fournit un niveau d'équilibre acceptable pour tout le monde, marchés et producteurs.

La remontée actuelle des cours fournit un niveau d'équilibre acceptable pour tout le monde, marchés et producteurs. - OSMAN KARIMOV - AFP

"Le mouvement était anticipé depuis quelques semaines, et prend désormais forme. Le baril de Brent de mer du Nord est remonté au-dessus des 50 dollars, pour la première fois depuis de nombreux mois. Un niveau capital, aussi bien pour les marchés que pour l’ensemble de l’industrie pétrolière."

Les chiffres sont spectaculaires. Le 12 janvier dernier, le baril tombait à 27 dollars. À l’époque, la chute paraissait incontrôlée, et la majorité des analystes pariaient sur un prolongement de la chute vers 20 dollars… où même moins, dans un marché surapprovisonné. Depuis, en moins de 5 mois, les cours ont quasiment doublé.

Cette fameuse situation de surapprovisionnement semble avoir été rayée d’un trait de plume en quelques semaines. Et il est vrai que plusieurs facteurs de court terme l’expliquent, et contribuent à ce que les cours retrouvent un niveau d’équilibre acceptable aussi bien par l’ensemble du marché, que les industriels du secteur pétrolier.

Baisse des stocks américains

Le facteur de très court terme qui a provoqué cette remontée à 50 dollars est un chiffre en provenance des États-Unis. L’inventaire hebdomadaire des stocks américains a montré une chute plus forte que ce qui était attendu, de 4,2 millions de barils contre 2,5 seulement prévus. Mais l’impact réel, sur des stocks totaux évalués à 537 millions de barils, est négligeable.

Cette nouvelle en tout cas a été le prétexte rêvé pour faire ce que le marché attend depuis quelques semaines: pousser les prix à 50 dollars, un objectif symbolique, mais un pas important aussi pour dégager des tendances à plus long terme pour l’ensemble de la sphère économique.

La fin du surapprovisionnement

Car la tendance de fond à moyen terme, c’est l’intégration aux cours de la fin de la situation de surapprovisionnement. Goldman Sachs l’a affirmé dans une étude il y a quelques semaines, les ruptures d’approvisionnement au Nigeria, au Venezuela (qui dispose, on le sait peu, de réserves estimées supérieures à celles de l’Arabie Saoudite !) et au Canada, ont eu leur effet.

Le marché est donc tout juste correctement approvisionné, voire en situation de pénurie sur certaines zones. De quoi largement pousser les cours sur les niveaux actuels, et même prévoir encore un potentiel de hausse supplémentaire.

Vers un retour de l’investissement?

Ce que les marchés vont maintenant regarder, c’est la réaction des grands pétroliers et parapétroliers. Alors qu’ils ont traversé une période noire de chute des budgets de prospection et de recherche, qu’ils ont dû se restructurer à marche forcée et dû lutter pour conserver leur rentabilité, l’heure va sans doute être à la reprise.

Le niveau des 50 dollars commence à redevenir intéressant pour beaucoup de projets mis en sommeil ces derniers mois. Total évoquait dernièrement des cours autour des 60 dollars pour que la majorité des projets du groupe conservent leur intérêt. Le niveau des 50 dollars sera sans doute de nature à remettre sur la table certains dossiers d’investissement.

Plafonnement à prévoir

Mais va-t-on aller au-delà de cette zone des 50 dollars? Peu évident à prévoir. Si on se fie aux dernières prévisions de Goldman Sachs, cette hausse va se confirmer tout au long de 2016, mais la progression risque de se tasser, avec même un reflux prévu l’année prochaine.

En effet, même si on est sortis d’une situation de surapprovisionnement à moyen terme, les cours risquent bien d’être rattrapés par les problématiques de long terme, à savoir les niveaux de production de l’Arabie Saoudite et de l’Iran.

Point d’équilibre

L’Iran ayant tout à gagner à exporter son pétrole même sur les cours actuels, et l’Arabie Saoudite ayant déjà dit qu’elle augmenterait légèrement sa production dans les mois à venir (la hausse actuelle des cours lui est fort bénéfique), tout concorde pour prévoir que la hausse actuelle se tasse.

D’où une prévision moyenne autour de ce seuil symbolique des 50 dollars, qui semble pour l’instant un niveau convenable pour tout le monde, sur une période qui devrait permettre à l’ensemble du monde économique de se réaligner autour de ces nouvelles réalités.

Antoine Larigaudrie