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Lafarge-Holcim: la fusion est sauvée

Pour sauver son mariage avec Holcim, Lafarge a dû accepter d'importantes concessions financières... Et surtout managériales

Pour sauver son mariage avec Holcim, Lafarge a dû accepter d'importantes concessions financières... Et surtout managériales - Franck Fife - AFP

Après plusieurs jours de fortes incertitudes, et même la crainte que le mariage soit annulé en définitive, l’union à 41 milliard d’euros entre les deux cimentiers est à nouveau sur de bons rails. La partie française a accepté des concessions importantes.

La semaine houleuse autour des préparatifs de mariage se termine finalement bien ! Lafarge et Holcim ont annoncé, ce vendredi 20 mars, un accord pour entériner des modifications importantes des paramètres de leur fusion, pour tenir compte des demandes du suisse Holcim, et éviter l’échec de ce qui reste une des fusions-acquisitions les plus importantes de ces dernières années dans le secteur des matériaux de construction.

Considérations financières tout d’abord. L’évolution des deux titres en bourse faisait craindre à Holcim de voir son pouvoir dilué par l’accord originel, qui devait prendre la forme d’une fusion entre égaux, une action Holcim pour une action Lafarge.

Déséquilibres financiers importants

Mais avec Lafarge qui prend 16% sur un an, contre 7,7% pour Holcim, avec des performances fondamentales très contrastées, et compte tenu du temps de mise en place de la fusion relativement long, tout cela a fait mécaniquement baisser le poids et donc le pouvoir du suisse dans le nouvel ensemble en préparation.

Holcim a donc demandé qu’on révise les parités de fusion, et voulait à l’origine 8,7 de ses actions contre 10 Lafarge. Ce dernier a accepté de descendre à 9,3… Et finalement les deux groupes se sont mis d’accord sur 9 pour 10. Mais ces considérations pourtant fondamentales ne furent pas le problème le plus épineux à régler.

Partages des pouvoirs revus et corrigés

Le suisse a voulu profiter de ces demandes de recadrage des pouvoirs pour demander une concession cruciale à Lafarge : demander une co-présidence entre égaux à la tête du nouveau groupe uni, qui était à l’origine sensé être dirigé par Bruno Lafont, actuel DG de Lafarge. Point sur lequel le Français refusait de négocier à l’origine, estimant les réclamations d’Holcim à ce niveau injustifiables.

C’est pourtant ce qui a été décidé en définitive. Le nouvel ensemble se co-présidé par le patron de Lafarge et celui d’Holcim, avec des fonctions non-exécutives. Bruno Lafont a accepté de partager le pouvoir et de voir ses fonctions profondément modifiées.

Nomination d’un nouveau DG, nouvel enjeu

Cela dit on peut penser que Lafarge sur ce coup-là tente d’acheter un peu de temps. Car le vrai pouvoir sera exercé par un Directeur Général qui reste à nommer. Il sera proposé par Lafarge et devra être accepté par le conseil d’Holcim… Et là on peut prévoir un nouveau round de négociations entre les deux entités qui pourrait se prolonger pendant tout le processus de fusion, qui devrait s’achever en juillet prochain.

En tout cas en coulisse, ce sont a priori les gros actionnaires qui ont poussé à fond pour que les deux groupes aplanissent leurs différends, encore une fois pas question de laisser échouer l’opération, qui doit aboutir à la naissance d’un des leader mondiaux des matériaux de construction, avec le Mexicain Cemex, qui plus est source d’importantes synergies financières qu’il fallait absolument préserver au vu des montants investis.

Antoine Larigaudrie