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L'AMF veut "redonner du sens à la Finance"

Gérard Rameix veut reconquérir la confiance des épargnants.

Gérard Rameix veut reconquérir la confiance des épargnants. - -

Le régulateur des marchés a présenté, ce jeudi 13 juin, son plan stratégique pour la période 2013-2016. Le but est notamment de regagner la confiance des épargnants et d'aider au financement de l'économie.

Les marchés ont connu une année 2012 parmi les plus agitées. Scandale du Libor, pertes de trading colossales de la banque JPMorgan à cause de la baleine de Londres…

Tous ces épisodes ont été cités par Gérard Rameix, le président de l'Autorité des marchés financiers (AMF), ce mercredi 12 juin, à l'occasion de la publication de son rapport annuel et de la présentation du plan stratégique de l'Autorité pour la période 2013-2016. "Il n'est pas contestable que les régulateurs n'ont pu empêcher des fraudes graves et des manquements aux disciplines les plus élémentaires", a-t-il déclaré.

"Mais attention à ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain, la finance est nécessaire à la croissance de l'économie", a-t-il nuancé, ajoutant que "le régulateur doit contribuer à redonner du sens à la finance". En clair, l'AMF ambitionne de promouvoir la finance "utile", sur les trois prochaines années.

"Rétablir la confiance des épargnants"

Dans ce but, l'autorité compte s'atteler à la reconquête du grand public. L'un de ses trois grandes priorités est ainsi de ''rétablir la confiance des épargnants", ajoutant que "le régulateur doit contribuer à redonner du sens à la finance". Et dans son discours, Gérard Rameix a souligné un point important :"la confusion sur ce qui est un produit financier et ce qui n'en est pas un".

Il a cité des placements "atypiques" (vin, manuscrits, œuvre d'art) qui "prétendent dépasser de beaucoup", les rendements du marché et qui sont présentés comme "des produits financiers classiques entretenant à dessein ce malentendu auprès des particuliers". Pour que l'AMF puisse davantage encadrer ces produits, qui se situent actuellement à la limite de ses compétences actuelles, Gérard Rameix apelle de ses vœux une réforme législative "du régime des bien divers".

2,6 milliards d'euros d'actions levées en 2012

L'AMF va également multiplier les actions pédagogiques auprès des épargnants. Elle souhaite aussi veiller à ce que l'épargne des Français soit davantage investie dans des instruments à risque comme les actions.

Ce pourquoi l'un de ses axes s'intitule le financement de l'économie, dans lequel l'AMF compte notamment formuler des mesures pour encadrer le financement participatif (crowdfunding).A ce titre, Gérard Rameix, en tirant le bilan de 2012, a indiqué que son principal souci "concerne la contribution du marché au financement des entreprises en fonds propres, qui reste faible". Il a déploré que "seules 15 nouvelles entreprises" se soit introduites en Bourse, l'année passée, pour la plupart dans le secteur technologique.

Le nombre d'ordre sur le marché action a atteint 2,6 milliards d'euros en 2012 (contre 3 milliards en 2011), un montant que l'AMF qualifie de "faible". Point positif, en revanche, l'AMF a estimé que "le marché obligataire est beaucoup plus dynamique et apporte de façon croissante des financements longs". Les émissions de dettes se sont élevées à 79 milliards d'euros, l'AMF se réjouissant que de"nombreux établissements ont rapatrié leurs émissions à Paris".

Le titre de l'encadré ici

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L'AMF plus sévère en 2012

L'année dernière, le gendarme des marchés a prononcé 54 sanctions pécuniaires, allant de 1.000 à 2,5 millions d'euros, pour un montant total de 17,5 milliards d'euros. L'année dernière, l'Autorité avait eu la main moins lourde, avec 43 sanctions pour des montants de 7 millions d'euros.

Dans le détail, 34 personnes physiques et 20 personnes morales ont été sanctionnées. L' AMF a aussi prononcé 6 interdictions d'exercice, dont 1 définitive.

Ses sanctions les plus lourdes ont été infligées dans une même affaire contre Coudree Capital Management (2,5 millions d'euros), Compania Internacional Financiera (2,2 millions euros) et CMA Capital Partners (1,5 millions), qui n'avait pas respecté les règles en vendant des actions à découvertes. Par ailleurs, BNP Paribas et Société Générale avaient écopé, elles, d'amendes de 500.000 euros pour avoir manqué aux règles dans la mise en œuvre de sondages de marché réalisés pour le compte de Saint-Gobain et Schneider.

Julien Marion