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Le Brexit entraîne la plus forte chute du CAC 40 depuis octobre 2008

La Bourse n'avait jamais autant baissé depuis octobre 2008

La Bourse n'avait jamais autant baissé depuis octobre 2008 - AFP

La Bourse de Paris a vécu un véritable vendredi noir, connaissant sa pire séance depuis octobre 2008. Les valeurs financières ont été les plus affectées par cette sortie. Alors que la livre s’est un peu reprise, l'or a ralenti en fin de journée.

Il fallait donc remonter au 6 octobre 2008 pour trouver trace d'une séance aussi catastrophique pour le CAC 40. À cette époque, la Bourse de Paris avait clôturé en baisse de 9,04% dans le sillage de la faillite de Lehman Brothers. Aujourd'hui, c'est le Brexit qui est en cause, mais les conséquences sur la Bourse sont quasi identiques (-8,04% à 4.106,73 points dans des volumes d’échanges extrêmement étoffés de 11,505 milliards échangés). Il faut dire qu’après avoir ouvert légèrement en retard et en baisse de 4,97%, le CAC 40 s'est rapidement enfoncé sous les 4.100 points, frôlant même à un moment la barre symbolique des 4.000 points (-10,25% à 4.007,97 points).

Sur cette seule séance, 100 milliards de capitalisation sont partis en fumée. Si la claque est immense, la chute a été tout de même amplifiée par le net rebond du marché en début de semaine (+6,5% entre lundi et jeudi) lié à des sondages favorables à un "Bremain". 

Dans le reste des marchés actions européens, on a assisté également à une véritable saignée. Le Dax de Francfort a reculé de 6,82% tandis que les Bourses de Milan et Madrid ont cédé respectivement 12,48% et 12,35%. Finalement, c'est le Footsie 100 londonien qui s'en est le mieux tiré avec une baisse de "seulement" 2,76%. 

Pour Pierre Schang, gérant chez Amilton Asset Management, "le 24 juin 2016 restera gravé dans les mémoires des opérateurs de marché tant la secousse a été violente. Les investisseurs doivent maintenant répondre à 4 questions : Que vont faire les banques centrales ? Quelle va être la réponse des hommes politiques du Continent ? L’Union Européenne politique va-t-elle imploser ? Quelle sera l’ampleur du ralentissement économique au Royaume-Uni, en Europe et dans le monde ? Alors qu’un rebond des indices boursiers à court terme est envisageable, il est probable que les points bas n’aient pas encore été atteints. "Et pour cause, les incertitudes politiques dans l’Union Européenne ne sont pas terminées, selon Pierre Schang, pour qui "l’attention du marché va maintenant se focaliser sur le vote espagnol de ce weekend puis sur le vote italien en octobre".

La livre se reprend un peu, l'or ralentit

Sur le marché des changes, l'effet Brexit n'a pas tardé à se faire sentir. La livre sterling a chuté jusqu’à 1,3230 dollar (un niveau qu’elle n'avait plus atteint depuis 1985, selon les annales de l'agence financière Bloomberg) avant de se reprendre légèrement au fur et à mesure de la séance (-9,18% à 1,3625 dollars à 17h45).

Une chute qui tranche là encore avec le niveau de 1,50 dollar atteint dans la soirée de jeudi à la fin du scrutin, dopé par de nouveaux sondages réalisés le jour même de l'élection, qui donnaient vainqueur le "Bremain". De son côté, l'or, valeur refuge par excellence, a ralenti la cadence en fin de séance. Après avoir flirté avec 1.360 dollars (1.359,08 dollars précisément soit son niveau le plus élevé depuis le 19 mars 2014), l’once d’or a légèrement faibli au fil de la séance, se négociant à 1.318,8 dollars à 17h45.

Les banques centrales attendues au tournant

Après le Brexit, la Banque centrale européenne (BCE) a tenté de rassurer les marchés et s’est dit prête à injecter des liquidités si nécessaire pour stabiliser les marchés financiers, a-t-elle déclaré vendredi.
"À la suite du résultat du référendum au Royaume-Uni, la Banque centrale européenne surveille attentivement les marchés financiers et entretient des contacts étroits avec d'autres banques centrales", écrit-elle dans un communiqué. Avant d’ajouter qu’elle se tenait prête à fournir des liquidités supplémentaires, si nécessaire, en euros et en devises".

De son côté, la Réserve fédérale américaine (Fed) a assuré vendredi être prête à fournir des liquidités en dollars aux autres banques centrales pour faire face aux "pressions" qui pourraient surgir sur les marchés financiers après le Brexit.

"La Réserve fédérale est prête à fournir des liquidités en dollars via ses lignes de "swap" en vigueur avec d'autres banques centrales, si nécessaire, pour faire face à des pressions sur les marchés de financement mondiaux qui pourraient avoir des implications négatives pour l'économie américaine", a assuré la Banque centrale américaine dans un communiqué.

Un bon point d’entrée pour les investisseurs

Ce krach constitue, en revanche, un bon point d'entrée pour bon nombre d'investisseurs comme l'explique Pierre Schang. "Ce matin il fallait clairement être acheteur car nous avons pu constater des aberrations de marché comme le distributeur britannique Dixons Carphone à -43% ou le promoteur immobilier anglais Bovis Home à -50%. Ce sont des conditions de marché exceptionnelles au sein desquelles les investisseurs les plus réactifs parviennent à réaliser des opérations tout à fait attractives."

Si cette nouvelle est une réelle surprise, "elle n’en constitue pas moins un point d’entrée que les investisseurs avisés se doivent de mettre à profit dans l’attente d’initiatives monétaires de la part des Banques Centrales anglaise et européenne", selon Pierre Schang. Un sentiment que partage également Frédéric Rozier, conseiller en investissement chez Meeschaert: "L’éventualité d’un Brexit a été balayée d’un simple revers de la main par une partie des opérateurs, le retour à la réalité et la période qui s’ouvre devant nous pourrait nous offrir des nombreuses opportunités."

Sans surprise, les valeurs financières ont été les plus impactées par le Brexit à l’image de BNP Paribas (-17,4% à 39,4 euros), Crédit Agricole (-14% à 7,651 euros), Société Générale (-20,57% à 28,80 euros), Natixis (-17,13% à 3,439 euros) et Axa (-15,48% à 18,18 euros). 

Les valeurs industrielles sont également lourdement impactées, avec Airbus Group (-6,16% à 52,11 euros), ArcelorMittal (-12,85% à 4,191 euros), Saint-Gobain (-11,03% à 33,58 euros) et LafargeHolcim (-7,95% à 36,98 euros). Tout comme le secteur automobile, qui avait beaucoup à perdre en cas de sortie. Les actions Renault et Peugeot perdent ainsi respectivement 13,62% et 18,17%.