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Le CAC40 plonge de nouveau, désormais en "Bear Market"

Plongeon à l'ouverture, dans le sillage des prix du pétrole et des autres mauvaises nouvelles du jour... le CAC40 est désormais en configuration de marché fortement négative.

Plongeon à l'ouverture, dans le sillage des prix du pétrole et des autres mauvaises nouvelles du jour... le CAC40 est désormais en configuration de marché fortement négative. - Justin Sullivan - Getty Images North America - AFP

Journée de tempête sur les marchés boursiers mondiaux. Au lendemain d’un rebond marqué des indices, toutes les places boursières replongent lourdement. Pétrole, Chine, marchés émergents… Toute nouvelle est prétexte à sortir coûte que coûte du marché actions.

-2,4% à l’ouverture, et jusqu’à 3,8% en matinée, le bilan est d’ores et déjà lourd pour le CAC40, qui désormais perd plus de 20% par rapport au printemps dernier, signant son entrée en configuration de "Bear Market", ou marché baissier prononcé.

Un simple détail, d’autant que le Nikkei à Tokyo a été le premier ce matin à donner l’impulsion. Lui aussi, avec sa baisse de 3,7% en clôture, est passé en "Bear Market". Mais désormais, autant sur les marchés actions que sur le marché pétrolier, s’installe une impression de puits sans fond.

Aucun répit à court terme

Témoin de ce sentiment de fuite de capitaux des marchés actions, une ruée sur le marché obligataire. Un réflexe logique de "Flight To Quality", vers les obligations d’état, réputées moins risquées, mais avec des ajustements violents.

La dette à 10 ans allemande est passée sous les 0,5% de rendement, et le bon du trésor américain à 10 ans sous les 2%. Ce qui commence à inquiéter les analystes, c’est que même en position de vente marquée, le marché actions connaît souvent quelques séances de pause, de rebond, histoire de racheter les positions à découvert.

Tentative de rebond fort peu convaincante

Là, rien de tel, hormis le rebond d’hier, bien peu convaincant en définitive, au vu des volumes d’échanges relativement peu élevés (3,6 milliards d’euros sur le CAC40), et du retournement massif de tendance en cours de nuit, témoin de l’importance des positions vendeuses.

À Wall Street, la veille, les indices ont fait le grand huit, avec un Standard and Poor’s 500 qui est passé de 1% de hausse à une baisse de 0,8%, pour terminer finalement tout juste à l'équilibre.

Les montagnes russes du marché pétrolier

Le vrai catalyseur de ce calamiteux début d’année boursière est bien sûr la glissade continue des prix du pétrole. Précédemment à 40 dollars, puis 30 dollars, nous voilà désormais installés sous ce seuil psychologique, non loin des 20 dollars dont parlait il y a peu la banque d’affaires Goldman Sachs.

Ce qui panique les marchés, c'est que les niveaux actuels du cours du brut alourdissent l’atmosphère déflationniste du moment, et risquent d’accroître les pressions sur les prix globaux, alors que précisément les grandes banques centrales font tout pour les faire remonter.

Inquiétudes saoudiennes

Accessoirement, de tels niveaux de cours continuent à refléter l’état de surapprovisionnement du marché, avec le retour de l’Iran sur le marché de l’export. Mais cette situation va obliger toute une énorme industrie à poursuivre le chantier de sa propre restructuration, et même à accélérer le mouvement.

Sans compter les conséquences désastreuses pour les pays producteurs. Une des problématiques montantes du moment est à trouver en Arabie Saoudite, où la baisse des revenus pétroliers provoque un vrai problème budgétaire.

Toujours plus bas

Et après l’abaissement de sa note souveraine par l’agence Standard & Poor’s, l’Arabie Saoudite craint une attaque spéculative contre sa monnaie, le Ryal, qui se retrouve sur des plus bas de plusieurs années, notamment contre le dollar.

Même l’Agence Internationale de l’Energie avertit dans sa dernière note que les prix du pétrole sont bien partis pour aller bien plus bas, accréditant les derniers scénarios noirs des grandes banques d’affaires et courtiers.

Carnage sur les valeurs pétrolières

La publication des résultats annuels de Shell, ce matin, a été l’occasion pour les investisseurs de l’évaluer concrètement. Avec une baisse de 75% des prix du pétrole depuis leurs derniers plus hauts, les bénéfices du pétrolier ont été divisés par 10 sur un an.

Impossible de constituer des positions de long terme dans ces conditions. Et c'est d'ailleurs le secteur énergétique qui a plombé Wall Street hier soir. Le symbole de tout cela, c’est sans doute Chesapeake, le spécialiste du gaz de schiste et partenaire de Total dans le domaine, qui a perdu hier 13,5%. La plus forte baisse de tout le S&P500. Le cours a même atteint un plus bas historique.

Le pétrole… et le reste

Et tout le secteur est tombé hier: Exxon Mobil -1,5%, Chevron -2,6%, Halliburton -3,4%, avec les conséquences que l’on peut constater sur les pétroliers et parapétroliers européens. Aucun signal ne va être de nature à interrompre le mouvement à court terme.

Mais cette invraisemblable volatilité autour du pétrole n’est pas le seul facteur à peser sur le marché. Outre les craintes de voir la croissance mondiale flancher, les perspectives économiques chinoises et autres thématiques du moment, certains secteurs porteurs donnent des signes de faiblesse.

Inquiétudes sur IBM

On en a eu la preuve cette nuit avec IBM et ses résultats. Encore une déception avec un chiffre d’affaires en baisse de 8,5% sur le trimestre écoulé, et des prévisions de bénéfices annuels en-dessous des attentes. Le groupe paye au prix fort la force du dollar, avec un impact très net sur l'ensemble de ses métiers.

En outre, un aspect très regardé, les nouvelles activités, dont le Cloud, qui non seulement ne pèsent pas encore assez significativement sur l'ensemble de l'activité du groupe, à tout juste 35% des ventes... et où la croissance est même relativement faible, par rapport aux attentes de long terme, +10% sur la période.

Cercle vicieux

Ce qui continue à alimenter une autre crainte du marché: voir un à un les secteurs les plus porteurs, les plus à l’avant-garde de la conjoncture, flancher eux aussi. D’où des difficultés infinies à trouver un juste prix autour de leurs perspectives.

Un problème de plus qui pèse sur le marché actions. L’impression d’accumulation de mauvaises nouvelles joue également sur l’état d’esprit général des marchés, avec des investisseurs qui désormais ne voient plus d’autre solution que de… vendre.

Rayon de soleil à Amsterdam

Le seul maigre rayon de soleil ce matin était à chercher du côté du secteur (pourtant considéré comme très peu porteur ces temps-ci) des semi-conducteurs, avec les bons résultats et les bonnes perspectives du néerlandais ASML.

Cette entreprise, très pointue, spécialisée dans la fabrication de machines qui tracent les micro-gravures sur les composants électroniques, a fait état de performances financières supérieures aux attentes et est l’un des rares à projeter des ventes en hausse pour l’année!

Priorité aux "chercheurs de pépites"

Le titre a commencé sur une hausse de plus de 3% alors que le marché en perdait quasiment la même chose au même moment. Au milieu de la tempête, AMSL était bien la seule bonne nouvelle du jour.

Il a fallu la chercher, preuve qu’au milieu des fortes turbulences à prévoir pour l’ensemble de l’année qui s’ouvre, les gagnants seront les stock-pickers, les investisseurs qui choisissent soigneusement les titres en bourse, connaissent les entreprises, et n’investissent pas sur la tendance de gros en elle-même.

Antoine Larigaudrie