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Le calvaire boursier des équipementiers automobiles

Valeo, sanctionné par la bourse après son 2ème profit-warning en quelques semaines, perd 60% depuis le 1er janvier. Ici, Jacques Aschenbroich, son PDG.

Valeo, sanctionné par la bourse après son 2ème profit-warning en quelques semaines, perd 60% depuis le 1er janvier. Ici, Jacques Aschenbroich, son PDG. - ERIC PIERMONT / AFP

Le nouvel avertissement sur résultats de Valeo et sa chute en bourse confirment l'environnement extrêmement difficile qu'affronte tout un secteur.

Avec des baisses de 30 à 60% depuis le 1er janvier, le secteur des équipementiers automobiles est sans doute le plus maltraité en bourse depuis le début de l'année. Avec un nombre impressionnant d'alertes aux profits, c'est tout un secteur qui témoigne de difficultés grandissantes à s'adapter à un univers en plein bouleversement.

Valeo en est sans doute l'exemple le plus criant. Avec une baisse de plus de 60% depuis le début de l'année et plus de 30% rien que depuis le début du mois, le groupe paye au prix fort un nouvel abaissement de ses prévisions pour 2018, à tel point que ses responsables se refusent désormais à toute projection chiffrée.

Marchés allemand et chinois en berne

Un environnement qui se dégrade à une vitesse bien plus élevée que prévu. Valeo réalise en effet près du tiers de son chiffre d'affaires avec les constructeurs automobiles allemands, eux-même confrontés à une situation très difficile. La mise en conformité de leurs gammes aux nouvelles normes WLTP (appliquées depuis début septembre) prend bien plus de temps que prévu et provoque un retard sur les commandes, une désorganisation de la production, ainsi qu'une forte baisse des ventes.

Il faut ajouter à cela, d'un côté des conditions de marché très volatiles en Europe, dues à la mise en place de ces normes d'émissions polluantes et à des effets de stockage/déstockage important chez l'ensemble des constructeurs, y compris en France. Et de l'autre côté, la dégradation rapide des conditions de marché en Chine qui devient un poids constant, provoquant une vraie pression sur les perspectives des constructeurs.

Double-peine

Et malgré la confiance qu'exprime le patron du groupe Jacques Aschenbroich, convaincu que l'accélération vers l'électrique et les économies de coûts vont permettre à Valeo de surperformer son marché tout au long de l'année prochaine, les analystes n'y croient pas. « Le manque de visibilité est inquiétant, et deux avertissements en quelques mois, c'est difficilement compréhensible » confie l'un d'entre eux. Dernièrement Oddo BHF à quasiment réduit de moitié son objectif de cours sur Valeo, de 40 à 25 euros.

Mais Valeo est loin d'être le seul à avoir témoigné de cette forte dégradation de tout un secteur qui souffre précisément de son rôle très en amont de l'industrie automobile. Quand un constructeur souffre de la demande, l'équipementier subit la double-peine, confronté à ses propres problématiques de chaîne de production, d'effets de stock et de nécessité d'investir à marche forcée vers les nouvelles technologies automobiles.

Aucun acteur épargné

Plastic Omnium a également été victime d'une forte sanction boursière ces derniers jours, après avoir lui aussi revu à la baisse ses perspectives. Le titre baisse de 40% depuis le 1er janvier. Michelin (-30% depuis le début de l'année), particulièrement touché par la dégradation sur le marché chinois, a également revu ses projections à la baisse. Tout comme son concurrent allemand Continental.

Enfin, même si Faurecia fait état de perspectives un peu moins morose et a même annoncé une importante acquisition à 1,1 milliard d'euros avec Clarion (spécialiste japonais des autoradios et systèmes embarqués), la bourse ne l'a pas épargné non plus. Le titre chute de 40% depuis le début de l'année.

L'Europe attendue en stabilisation

« Seule une stabilisation progressive du marché européen pourra apporter un peu d'oxygène pour avoir une idée plus claire de la demande et établir des bases pour se redresser. Mais cela prendra plusieurs mois encore », estime un analyste, qui juge que les économies de coût peuvent aider, mais que la période est justement marquée par la nécessité d'investir. 

Une équation difficile qui devra être tout de même résolue pour pouvoir résister à la dégradation du marché chinois qui demeure le risque numéro un du moment et dont l'impact devrait perdurer sur l'ensemble de l'année prochaine.

Cela étant, au vu des valorisations excessivement basses ces derniers temps, l'annonce du rachat de Clarion par Faurecia pourrait aussi être le prélude à une vague de rachats défensifs, sources de synergies et d'économies de coût.