BFM Patrimoine
Placements

Le géant chinois de la tech Tencent dépasse Facebook en Bourse et se rapproche d'Amazon

Tencent a clôturé la séance de mardi avec une valorisation de 523 milliards de dollars

Tencent a clôturé la séance de mardi avec une valorisation de 523 milliards de dollars - Isaac Lawrence-AFP

Tencent voyait mardi sa valorisation atteindre un record et détrôner l'américain Facebook, intégrant le top cinq des plus gros groupes cotés mondiaux. Avec Baidu et Alibaba, Tencent incarne l'essor des mastodontes technologiques chinois face à la Silicon Valley.

En dépassant les 500 milliards de dollars en Bourse, une première pour un groupe chinois, Tencent en a profité pour dépasser un autre géant de la tech: Facebook. L'opérateur de jeux vidéo et de la messagerie très populaire WeChat a vu son titre s'envoler de 130% à la Bourse de Hong Kong cette année, poussé par une croissance des revenus au plus haut depuis sept ans.

Résultat: mardi après la clôture du marché, le titre valait plus de 430 dollars hongkongais (46,9 euros), la valorisation totale de Tencent atteignant l'équivalent de 523 milliards de dollars américains, dépassant donc d'un cheveu les 519 milliards de dollars de Facebook. Le sursaut boursier lui permet également d'intégrer le classement des cinq plus grosses valorisations boursières du globe, derrière les américains Amazon, Microsoft, Alphabet (maison-mère de Google). Il reste néanmoins loin du numéro un Apple (plus de 870 milliards de dollars).

Énorme succès de WeChat

Facebook et Tencent ne sont pas étrangers l'un à l'autre: le réseau social américain est banni en Chine, bloqué de l'internet local par une censure draconienne, ce qui a laissé le champ libre à WeChat pour prospérer, à coup d'innovations qui ont bouleversé le paysage technologique local.

WeChat offre des fonctionnalités voisines de Facebook: partage de liens, de photos et de vidéos, jeux, fils d'information, messages instantanés... Mais il intègre également un système de paiement électronique très prisé permettant de régler ses achats en magasin en scannant un code-barre ou de s'échanger de l'argent via l'application.

On peut certes renvoyer dos à dos les valorisations, mais "ce genre de comparaison d'entreprises actives sur des marchés différents n'a pas beaucoup de sens", s'agace Huang Hao, chercheur en stratégie économique à l'Académie chinoise des sciences sociales. "En revanche, la valorisation peut refléter" la solidité à terme des activités du groupe. "C'est la reconnaissance par le marché du modèle économique de Tencent, de sa rentabilité et de ses perspectives", explique-t-il à l'AFP.

Tencent a encore brillé au troisième trimestre, avec une hausse de 61% de son chiffre d'affaires (8,4 milliards d'euros), tandis que son bénéfice net s'envolait de 70%, surpassant de loin les prévisions des analystes et alimentant l'euphorie du marché. WeChat revendiquait fin septembre près d'un milliard d'usagers mensuels actifs (+15% sur un an). Mais c'est surtout les jeux vidéo mobiles qui ont tiré les résultats, avec le succès toujours spectaculaire de "Honour of Kings". Ce jeu multijoueurs sur smartphone a longtemps été le plus téléchargé sur l'AppStore chinois. Signe de son envahissante popularité: l'armée chinoise l'avait accusé en août de dissiper l'énergie des soldats.

Des entreprises protégées par le gouvernement

De l'avis des analystes boursiers, aucun signe de ralentissement des résultats de Tencent n'est en vue, avec de nouveaux titres de jeux attendus l'an prochain. Ses recettes publicitaires ont bondi d'environ 50% au dernier trimestre, au même rythme que celles de Facebook. Né en 1999, Tencent avait connu un premier succès avec la messagerie en ligne QQ, parfait équivalent du MSN de l'américain Microsoft. Introduit à la Bourse de Hong Kong en 2004, son titre s'échangeait alors autour... d'un dollar hongkongais.

Le groupe s'est imposé parmi les fleurons technologiques du pays, aux côtés du géant de la vente en ligne Alibaba et du moteur de recherche Baidu. La valorisation d'Alibaba, coté à New York, dépasse d'ailleurs 480 milliards de dollars. Ces trois champions nationaux ont en commun d'avoir été protégés d'un puissant concurrent étranger par des réglementations favorables. Google a quitté le pays face à une censure drastique et Amazon n'y a jamais décollé.

Revers de la médaille: l'essentiel de leurs activités reste concentré en Chine. Pour autant, Baidu possède des centres de recherche en Californie, Alibaba investit massivement en Asie du sud-est et développe une plateforme internationale et Tencent ne cache pas ses ambitions hors de Chine: il a récemment accru sa participation dans l'américain Snap, maison-mère de la populaire messagerie mobile Snapchat.

S.B. avec AFP