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Le pétrole va-t-il retomber sous les 30 dollars?

Le désaccord de fond entre Iran et Arabie Saoudite sur la stratégie de l'OPEP provoquent de nouvelles fortes baisses des cours. L'objectif des 30 dollars est à nouveau d'actualité.

Le désaccord de fond entre Iran et Arabie Saoudite sur la stratégie de l'OPEP provoquent de nouvelles fortes baisses des cours. L'objectif des 30 dollars est à nouveau d'actualité. - STR - AFP

"Forte baisse des cours du brut depuis 48 heures. Les cours du WTI et du Brent décrochent lourdement sous le seuil des 40 dollars, sur fond de dissensions de plus en plus profondes au sein de l’OPEP."

"La réunion du 17 avril ? J’y passerai si j’ai le temps". Déclaration stupéfiante du ministre iranien du pétrole Bijan Zanganeh lundi, alors qu’on l’interrogeait sur la volonté ou non de l’Iran de s’associer à une initiative commune de gel des quotas de production.

C’est dire si la prochaine assemblée de l’OPEP à Doha est le cadet des soucis des autorités iraniennes, qui n’ont strictement aucune envie de se faire dicter leur conduite par le cartel, et surtout pas par le poids lourd saoudien.

Geler les quotas de production ? "Une plaisanterie". 

Quel que soit le prix du brut actuellement, l’Iran, qui sort de plusieurs années de sanctions, a besoin d’urgence de produire plus de pétrole et d’exporter au maximum pour faire repartir sa machine économique et faire entrer des devises étrangères.

Autant dire qu’une initiative commune pour geler les quotas de production n’est nullement dans son intérêt. Depuis le début des négociations à ce sujet il y a quelques mois, l’Iran a fait savoir que cette idée était à ses yeux une "plaisanterie", et que le pays ferait ainsi ce qu’il voudrait.

L’Arabie Saoudite prend acte

Pour preuve le pays a continué d'ouvrir les vannes sur le mois de mars, augmentant sa production, avec des exportations qui ont augmenté de 250.000 barils/jour pour un total de 2 millions.

L’Arabie Saoudite prend acte, de toutes les façons elle n’en attendait pas moins de son meilleur ennemi iranien. Et ce, même si elle doit faire face à de plus en plus de problèmes budgétaires elle-même, et que les autres pays de l’OPEP sont dans une situation franchement préoccupante.

Gêner discrètement les exports iraniens

Officiellement, le pays n’a pas peur d’un baril durablement sous les 40 dollars, et saura y faire face, notamment à travers de nouvelles initiatives de diversification.

Mais preuve que le royaume est tout de même inquiet, il tente discrètement d’empêcher les exportations iraniennes d’inonder un peu plus le marché, en interdisant notamment aux pétroliers iraniens de passer dans ses eaux territoriales, et en essayant d’obtenir des mesures similaires de la part de ses autres alliés de l’OPEP.

Dégagements massifs

La réaction du marché ne s’est pas faite attendre et les investisseurs vendent en masse les positions qu'ils ont constituées sur le pétrole depuis le début de l’année.

C’est d’ailleurs une des classes d’actifs qui s’était le mieux comporté depuis le début de l’année, avec un gain maximum de 15% depuis le 1er janvier, il y a encore quelques semaines.

Objectif 30 dollars ? Ou moins ?

Les dégagements sont donc massifs. Et la banque Barclays, il y a 2 semaines, était la première à prédire un retour rapide vers les 30 dollars pour cause de trop forte progression.

Il est décidément impossible de retrouver ne serait-ce que des niveaux d’équilibre, et cette incertitude pétrolière promet de peser encore à long terme sur les marchés cette année et au-delà.

Antoine Larigaudrie