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Les Français renouent un peu avec la Bourse

Léger regain d'intérêt pour les marchés financiers.

Léger regain d'intérêt pour les marchés financiers. - ERIC PIERMONT - AFP

La part des ménages détenant des actions en direct se redresse pour la première fois depuis 2008. En cause, le rebond des actions et la faiblesse des taux, qui incitent les épargnants à prendre des risques.

Les Français ont repris goût à la Bourse. C'est ce que montre une étude Kantar TNS pour l'Autorité des marchés financiers, relayée ce mercredi par Les Échos. Pour la première fois depuis 2008, la détention d'actions en direct a augmenté en France. En mars 2017, 7,6% des particuliers âgés de plus de 15 ans sont des boursicoteurs, alors qu'ils étaient 6,2% un an auparavant. En douze mois, le nombre d'actionnaires individuels est donc passé d'environ 3 millions à plus de 3,67 millions, soit une hausse de plus de 22%. La performance est impressionnante, mais on est loin des 7,2 millions de petits porteurs que comptait l'Hexagone en 2003.

Le rapport des Français avec la Bourse est donc peut-être en train de changer. Comment expliquer ce revirement de tendance? Tout d'abord, les produits d'épargne sans risque ne rapportent quasiment plus rien: 0,75% pour le Livret A. Même l'assurance vie en euros a perdu de son attractivité, avec un rendement annuel moyen inférieur à 2%. Dans le même temps, les marchés financiers se portent plutôt bien: l'indice CAC 40, qui regroupe les actions des plus grandes entreprises françaises, a grimpé de 7% depuis le début de l'année et de 60% en cinq ans.

"L'effet Macron"?

"On assiste depuis quelques mois à un vrai regain d'intérêt du grand public pour les valeurs cotées à Paris, celles qui parlent aux gens, qui sont médiatiques", nous ont confié les analystes de Tradingsat.com, le site Bourse de BFM Business. En fait, un bouleversement s'est produit le 24 avril dernier, au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle.

"Il y a eu un énorme gap, comme on dit dans notre jargon, entre le vendredi précédant le premier tour et le lundi matin, où les marchés ont ouvert en très forte hausse. Ce gros trou de cotation -une formation graphique très surveillée par les analystes et les gérants- a changé énormément de choses. Il a envoyé un signal acheteur fort, et c'est ce gros mouvement psychologique qui a créé, selon nous, un retour aux actions", ont-ils ajouté. En clair, "l'élection d'Emmanuel Macron a confirmé le mouvement qui était en marche depuis quelque temps".

Tendance haussière

Ainsi, entre le 24 avril et le 5 mai, tous les secteurs d'activité se sont réveillés en même temps en Bourse. Ce regain d'appétit des investisseurs se traduit aujourd'hui par de gros volumes d'échanges sur les sociétés du CAC 40 voire sur celles du CAC Next 20, l'antichambre de l'indice phare parisien qui contient des titres dont les caractéristiques (capitalisation, volumes échangés etc.) font d'eux des candidats sérieux pour faire un jour partie du gotha des valeurs françaises.

Le regain d'intérêt des ménages pour les actions se lit aussi dans les chiffres de détention des placements collectifs, passés de 5,2% à 5,9% en mars 2017, soit un peu plus de 2,85 millions de Français. Au total, 8,7% des personnes interrogées déclarent détenir, à fin mars 2017, des actions soit en direct, soit via des sicav ou des FCP, contre 7,6% en 2016 et 16,4% en 2008. Mais cette tendance sera-t-elle durable? Difficile de le prédire.

"La tendance devrait rester fortement haussière à court terme, mais il est impossible de savoir ce qu'il va se passer dans 6, 12 ou 24 mois", préviennent nos experts. Reste que les freins à l'investissement en Bourse sont nombreux: aversion au risque, impact des crises boursières à répétition, difficulté à se projeter à long terme. Mais comme le dit l'AMF, citée par Les Échos, "un particulier sera d'autant plus enclin à diversifier son épargne retraite en actions qu'il sera bien informé sur le potentiel de rendement et le risque".

Julien Mouret