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Les investisseurs doutent de plus en plus des banques européennes

La situation devient de plus en plus complexe pour les banques européennes, entre craintes de Brexit, environnement de taux bas et futurs changements réglementaires.

La situation devient de plus en plus complexe pour les banques européennes, entre craintes de Brexit, environnement de taux bas et futurs changements réglementaires. - Daniel Roland - AFP

"Victimes d’une nouvelle vague de défiance, les banques européennes poursuivent leur descente aux enfers sur les marchés. BNP Paribas, Société Générale et Crédit agricole ont perdu plus de 10% de leur valeur en quelques jours. Sur un an, l’indice sectoriel s’effondre de presque 45%."

C’est une nouvelle période très difficile que vit le secteur bancaire. L’ensemble des grandes banques européennes doit affronter à nouveau un contexte compliqué, avec une actualité chargée et des perspectives à nouveau floues.

En France, les grandes enseignes font ainsi face à la défiance des investisseurs depuis 5 séances: BNP Paribas a perdu 11,1%, Société Générale 14,7%, Crédit agricole 12,4% et Natixis 12,5%.

Le Brexit inquiète

Cette nouvelle décrue pousse l’indice sectoriel européen au plus bas depuis la mi-février, tout comme le CAC40. Pire, si on fait le bilan sur un an, il dégringole de 43,7%, contre un indice large Stoxx600 qui ne recule que de 20%...

Cette phase de défiance est avant tout alimentée par l’approche du scrutin sur le maintien ou non du Royaume Uni dans l’Union Européenne. La perspective d’un Brexit agite le marché depuis une semaine et demie, à mesure que les différents sondages montrent que le camp des électeurs favorables à une sortie a pris une option sérieuse sur la victoire.

Une opération "vérité" contre-productive

Et le monde financier est bien obligé de prendre l’hypothèse en compte. Gestion des liquidités et maintien des circuits de financement, réorganisation voire déménagement de pans entiers d’activité, voire de grandes enseignes elles-mêmes… Les conséquences financières sont incalculables.

D’où la nécessité de prévoir tous les cas de figure possible, et de rassurer l’ensemble de la communauté financière. Mais souvent, ce genre d’opération "vérité" a finalement des effets inverses à ceux que les banques recherchent. Le marché se met à paniquer en pensant que si tout le monde s’y prépare, c’est que l’hypothèse d’un Brexit est de plus en plus probable.

Le poids des taux

La menace de ce Brexit n’est pas le seul élément inquiétant. A plus long terme, les investisseurs redoutent les conséquences des taux très bas, voire négatifs, qui règle sur l’ensemble de la planète financière.

Le contexte actuel rend les opérations de marché beaucoup plus compliquées, au milieu des différents programmes de soutien de la BCE. Gagner de l’argent sur les activités de banques d’investissement devient un vrai casse-tête

L'Italie, zone critique

Et puis, certaines zones géographiques sont plus fragiles que d'autres. Si le banques françaises font preuve d'une solidité remarquable -saluée par la communauté financière- ce n'est pas le cas des banques d'Europe du Sud.

Les banques italiennes, en particulier, sont confrontées notamment à l'explosion de leurs créances douteuses, de leurs prêts de mauvaise qualité, les obligeant à fusionner entre elles et même à devoir être soutenues par un fonds d'État dédié.

Nouvelles réglementations à venir?

Sans compter une hypothèque à plus long terme encore: l’environnement réglementaire pourrait bien changer. Le Comité de Bâle, en charge de la régulation bancaire, réfléchit à de nouveaux critères d’évaluation de la circulation du crédit.

Après une mise aux normes Bâle 3, les plus strictes possible en matière de solidité des fonds propres, le prochain volet concerne les critères d’évaluation du crédit. Une nouvelle mutation qu’il va falloir gérer, avec des conséquences notables sur la rentabilité des banques. La volatilité du secteur risque de se prolonger.

Antoine Larigaudrie