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Quand l'Etat emprunte 4,5 milliards d'euros pour renflouer Crédit Lyonnais

Les Coulisses de l'Economie par Jean-Marc Daniel c'est tous les jours à 7h50 sur RMC.

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L’Etat va emprunter 4,5 milliards d'euros pour solder l’affaire du Crédit lyonnais que l'on connaît surtout pour l'affaire Tapie. On oublie que cette banque devenue LCL était au bord de la faillite en 1993 et qu’elle aura coûté près de 10 milliards d’euros au contribuable.

L’Etat solde les dernières factures. Au total, la perte du Crédit lyonnais correspondant à sa quasi-faillite de 1993 aura été de l’ordre de 16 milliards d’euros. Si l’on enlève le produit de la privatisation –le Crédit lyonnais est devenu LCL, filiale du Crédit agricole- la perte nette pour le contribuable aura été d’un peu moins de 10 milliards. Il reste encore à débourser 4,5 milliards et l’Etat veut profiter de ce que les taux d’intérêt sont bas pour clore définitivement ce dossier.

Ce fut une affaire assez lamentable ?

C’est une histoire rocambolesque où l’on croise des inspecteurs des finances bien sous tous rapports comme le PDG de l’époque Jean-Yves Haberer qui a fini par être condamné à de la prison avec sursis, ou encore Jean Claude Trichet, qui assurait la tutelle de la banque en tant que directeur du Trésor et qui a failli ne pas pouvoir à cause de cette affaire devenir président de la BCE ; des affairistes italiens oeuvrant dans le cinéma, en l’occurrence Gain Carlo Parretti ou proche du Vatican –Florio Fiorini- ou l’incontournable Bernard Tapie dans l’affaire Adidas ; des incendiaires putatifs puisqu’en mai 1996 la siège de la banque a brûlé et que des experts judiciaires ont conclu à l’incendie volontaire…
Mais ce qui doit être retenu de cette affaire, c’est que le Crédit lyonnais a connu ce destin parce qu’il était une banque publique et il a été conduit par le gouvernement de l’époque – nous sommes à la fin des années 80 au début des années 90 – à prêter sur des bases politiques et non sur des bases strictement économiques. C’est une époque où l’on accuse déjà les banques privées de frilosité et où demande donc aux banques publiques –le Crédit lyonnais a été nationalisé à la Libération- de prêter sans restriction. Tout le monde s’était félicité bruyamment de l’acquisition de la MGM par Parretti grâce au Crédit lyonnais avant que l’on ne découvre l’étendue des pertes.

Est-ce que les leçons ont été tirées ?

Je dirais « oui et non ». Le secteur bancaire a été privatisé mais il y a une nostalgie de l’intervention de l’Etat dans ce domaine qui a donné naissance à la BPI. Et on voit déjà les tensions autour des décisions de la BPI, certains élus la trouvant trop timorée. Or l’audace en la matière se termine assez souvent par l’appel au contribuable. Et je pense qu’en ce moment il a autre chose faire que de soutenir indirectement des projets économiquement fragiles. 

Jean-Marc Daniel