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Saviez-vous que les marchés sont au plus haut depuis… 200 ans?

Des valorisations jamais vues depuis 2 siècles, conséquence des politiques menées actuellement par les banques centrales, FED en tête.

Des valorisations jamais vues depuis 2 siècles, conséquence des politiques menées actuellement par les banques centrales, FED en tête. - Karen Bleier - AFP

Résultats étonnants d’une étude de Deutsche Bank. Bien au-delà des hauts et des bas qu'on observe à court terme, les niveaux de tous les marchés (actions, obligations, immobilier...) n’ont quasiment jamais été aussi élevés, faisant craindre une longue période difficile à venir.

Oubliez les analyses de court terme, les changements de recommandations et autres notes de crédit. L’étude annuelle publiée dernièrement par la Deutsche Bank est le fruit d’une longue recherche, qui prend en compte le maximum de données disponibles sur les marchés en question dans les 15 pays les plus développés du monde.

Et la conclusion est sans ambigüité, les valorisations des actions, des obligations et de l’immobilier sont sur des points de tension qui datent de 2 siècles, si l’on calcule le prix par rapport au rendement des actifs et leurs perspectives escomptées.

Rôle des banques centrales

On dépasse les niveaux moyens atteints en 2007-2008 et même 2000, qui constituaient les précédents records. Coïncidence… à chaque fois ça a précédé de peu une crise financière majeure. La Deutsche Bank explique cette situation notamment par la faiblesse de la croissance économique mondiale malgré les milliers de milliards d’euros, de yens ou de dollars injectés par les grandes banques centrales pour soutenir l’économie.

Prix au plus haut, croissance au plus bas

Cela provoque une situation telle que le prix des obligations augmente (d’où la forte baisse des taux, vu que les banques centrales sont prêtes à les racheter), tout comme celui des actions (qui deviennent par défaut l’actif au rendement et aux perspectives les plus élevés), avec parallèlement un marché immobilier qui reste extrêmement tendu structurellement, avec une hausse vertigineuse des prix.

Une situation extraordinaire qui amène des prix, et donc des valorisations, extraordinaires eux aussi, face à la faiblesse de l’économie en général. Et immanquablement, la Deutsche Bank imagine qu’une correction est à venir.

Qui pourrait provoquer une correction?

Et si l’on met cela en perspective, une telle correction serait à priori lourde et durable, d’autant plus si on imagine que la coïncidence de date avec le début des dernières grosses crises financières fait sens. Comment pourrait intervenir une telle correction, et avec quels catalyseurs?

Deutsche Bank est précis là-dessus, et les éléments de réponse des analystes sonnent comme un avertissement sans faille à la Réserve Fédérale américaine, et dans une moindre mesure à la Banque d’Angleterre.

La FED au cœur de la problématique

Pour qu’une correction s’enclenche, il faudrait désormais qu’un évènement donné pousse une banque centrale au moins, à sortir du cycle actuel très accommodant de politiques monétaires à l’échelon mondial. Et se lance donc dans un cycle de remontée de ses taux directeurs.

L’effet serait très négatif pour toutes les classes d’actifs, et serait même d’autant plus dévastateur au vu de la nature extrême des valorisations et des tensions de marché. La correction serait d’autant plus brutale. Et la Deutsche Bank d’évoquer explicitement la FED dans son étude, la plaçant de fait au cœur de son raisonnement.

Avertissement sans frais

Confirmation que la décision de la Réserve Fédérale américaine est donc la plus importante du monde, et que le débat actuel sur l’opportunité ou pas de relever les taux directeurs est vif et passionné, au vu des conséquences théoriques.

Car même si un relèvement de 0.25% puis une pause de plusieurs mois est le scénario le plus envisagé, c’est la dynamique que cela risque d’enclencher qui est plus problématique. Car une fois que la machine du resserrement monétaire est enclenché, difficile de l’arrêter et de ne pas provoquer un mouvement global.

C’est donc un avertissement que lance la Deutsche Bank, à travers 2 siècles de chiffres. L’économie mondiale traverse actuellement la phase la plus délicate de son histoire, et les grandes banques centrales sont à la fois les responsables de cette situation avec leur politique monétaires, tout en étant des facteurs potentiels de catastrophes à venir en cas de mauvais timing.

Antoine Larigaudrie