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Marchés financiers: les valeurs qui flanchent et celles qui sont dopées

Les marchés financiers prennent conscience brutalement du retour d'une vraie prime de risque internationale, centrée sur la France après les attentats, mais qui pourrait peser longtemps sur les indices.

Les marchés financiers prennent conscience brutalement du retour d'une vraie prime de risque internationale, centrée sur la France après les attentats, mais qui pourrait peser longtemps sur les indices. - Eric Piermont - AFP

Même si les marchés financiers ont réagi avec sang froid aux attaques terroristes de vendredi à Paris, les investisseurs n'oublient pas qu'une forte prime de risque refait son apparition sur le marché.

Cela fait des mois que l'actualité internationale se tend, mais il a fallu que le terrorisme frappe de plein fouet une grande puissance économique au coeur, pour que les investisseurs prennent pleinement conscience que le risque géopolitique pèse à nouveau -et pour longtemps- sur les marchés financiers.

Même si la première séance après les attaques terroristes de vendredi soir se passe dans le calme ce lundi matin, il est clair que la donne a changé et que les analystes l'ont pleinement intégré.

Brutal retour à la réalité

Malgré l'intensification des interventions en Syrie, et l'escalade des initiatives internationales, notamment les frappes russes dans le secteur, malgré les tensions générales au Moyen-Orient, où les craintes de voir le climat se complexifier du côté des pays du Golfe ou même de la Mer de Chine, les bourses mondiales fonctionnaient en circuit fermé, uniquement réactives aux annonces de politique monétaire.

La brutalité des attentats de Paris, le fait que la France décrète l'état d'urgence, et qu'elle se trouve désormais au milieu de la problématique de lutte contre Daesh a matérialisé d'un coup cette prime de risque géopolitique.

La mécanique du "Marché de Guerre"

Difficile encore de lui donner un prix précis, puisque l'ampleur de la contre-attaque et la suite des événements reste floue. Mais le gouvernement français l'assume pleinement: nous sommes désormais dans une logique de guerre. Une escalade est à prévoir. Le marché en prend acte, sans paniquer, mais en le prenant en compte dans les cours. Le Cac 40 a ouvert en baisse d'un peu plus de 1% avant de se redresser.

Pour le moment, les analystes prévoient des ajustements de court terme, sur une mécanique déjà éprouvée pendant les grandes périodes de tensions géopolitiques mondiales, notamment le 11 septembre 2001, et les guerres qui ont suivi tant en Afghanistan qu'en Irak.

Baisse des actions, hausse du pétrole

Les investisseurs passent en mode "aversion au risque", en vendant leurs actifs exposés, notamment les actions, et en se repliant notamment sur les obligations d'Etat. Le phénomène s'est vérifié en Asie tôt ce matin, et en Europe en début de séance, avec une détente des taux.

Repli aussi sur les matières premières, notamment le pétrole, d'autant que ces tensions géopolitiques sont liées à une zone et à des pays où la problématique joue à plein. Le Brent de Mer du Nord est passé de 41.6 dollars vendredi à plus de 44 dollars au matin.

L'or reprend de l'éclat

Délaissé ces derniers temps, l'or retrouve fort logiquement son rôle de valeur défensive par excellence. L'once d'or fin a ainsi mis un terme à quatre séances de baisse consécutive en remontant du côté des 1.095 dollars ce matin.

Or, obligataire et matières premières, voilà le traditionnel panier de valeurs défensives que les investisseurs privilégient en cas de fortes turbulences géopolitiques. 

Choix sectoriels clairs

Mais sur le marché actions, on note aussi de vrais choix de la part des investisseurs à ce niveau. Les secteurs du transport, de l'aérien, du tourisme et du luxe en ont pati ce matin. Accor, Air France KLM, ADP, Eurotunnel, LVMH et Kering figuraient parmi les plus fortes baisses de la Bourse de Paris ce matin.

Pour des raisons évidents, tous ces secteurs paieront au prix fort un regain de tension international, qui pèsera immanquablement sur leur activité.

Impact modéré à prévoir

Et au contraire, les valeurs pétrolières, maltraitées ces derniers mois, ont bien tiré leur épingle du jeu et on été entourées dès l'ouverture. Leur forte pondération dans le CAC 40 (avec Total et Technip), permettant aux indices de bien résister.

Mais même si ces facteurs va peser sans doute un long moment sur le marché, les analystes ce matin restaient en grande partie plutôt rassurants sur l'impact réel en matière de perspectives pour la tendance boursière.

Impact du côté des entreprises?

Hormis des ajustements de court terme sur ce genre d'actifs défensifs, pas de quoi changer fondamentalement l'analyse du climat sur le marché actions, qui reste avant tout dicté par les politiques monétaires des banques centrales, et les résultats d'entreprises.

Les commentaires de ces dernières sur leurs prévisions pour l'année prochaine, en ce qui concerne un éventuel impact de cette menace d'ordre géopolitique, sera un des grands enjeux de ce dernier trimestre boursier.

Antoine Larigaudrie