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Marchés: les grands investisseurs prennent leurs profits

Dernière opération de poids en date : la vente de 22% du capital d'Havas par le Groupe Bolloré. Le titre Havas a pris plus de 80% en 3 ans

Dernière opération de poids en date : la vente de 22% du capital d'Havas par le Groupe Bolloré. Le titre Havas a pris plus de 80% en 3 ans - Montage - Joël Saget - Eric Piermont - AFP

Depuis le début du mois de mars, on assiste à une vague assez spectaculaire d’annonces de ventes de participations importantes, de la part de grands investisseurs institutionnels ou industriels.

Est-ce signe qu’il faut prendre une partie de ses profits et attendre de voir? Depuis début mars, et particulièrement ces derniers jours, les annonces de vente de participations se multiplient. Pas par des hedge funds ou de simples investisseurs financiers, mais par de grands investisseurs, industriels, institutionnels, qui ont parfois des liens historiques étroits avec les entreprises dont ils vendent les actions.

En l’espace d’un mois, à travers cinq opérations, ce sont 3,6 milliards d’euros de titres qui ont été vendus par des acteurs majeurs. La première d’entre elle a eu lieu en début de mois: Groupama a revendu 5% du capital de Veolia, pour 485 millions d’euros.

Airbus accélère son désengagement de Dassault Aviation

Le phénomène s’est accéléré ces derniers jours, avec un effet d’accumulation notable. Lagardère a ainsi annoncé avoir cédé une petite participation dans Deutsche Telekom, pour 40 millions d’euros. Une opération certes minime, sur des actions détenues depuis plus de quinze ans, des titres hérités de la revente du portail Club Internet en 2000 !

L’affaire devient plus significative avec Airbus, qui a annoncé la vente d’un bloc conséquent d’actions Dassault Aviation en début de semaine. Une opération tellement significative qu’il a fallu interrompre les cotations du titre pour la mettre en place, vu le peu de capital flottant. A l'origine, 15% du capital devait être cédé. L’opération a finalement été poussée à 17.5%, pour une plus-value de 1,6 milliard d’euros. 

Accor: un cas d’école

Le désengagement progressif d’Airbus était acquis depuis quelques mois, voire des années, mais là, avec un titre qui a plus que doublé de valeur en cinq ans, le contexte était devenu favorable à l’accélération des opérations.

Même principe avec, sans doute, la plus parlante de toutes ces opérations: la revente de 9,6% du capital d’Accor par ses deux actionnaires historiques, Eurazeo et Colony Capital. Un taux qui représente la moitié de leur participation totale. 

Bolloré réorganise sa galaxie

Ils restent néanmoins actionnaires principaux et partenaires, présidant aux destinées du groupe. Mais avec un gain de 32% depuis le début de l’année, et plus de 80% en trois ans, difficile de ne pas être tenté par la prise de quelques bénéfices. Surtout pour des sociétés dont le métier est l’investissement.

Dernier en date, Bolloré, qui vend 22,5% d’Havas pour 600 millions d’euros. Là encore, il reste l’actionnaire principal du groupe, mais profite de la valeur quasiment doublée du titre Havas sur les trois dernières années. Bolloré, multi-investisseur, a sans doute à cœur d’en tirer quelques profits pour financer d’autres projets majeurs, notamment la transformation de Vivendi.

Une sorte de feu orange s’allume. Cela ne doit pas faire oublier tous les autres facteurs de marché qui font des actions européennes l’actif du moment à posséder. Mais certains investisseurs de long terme préfèrent marquer une pause, prendre des bénéfices et réorganiser leur portefeuille. Peut-être une des meilleures illustrations des doutes qui agitent le marché ces derniers jours.

Antoine Larigaudrie