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Marchés de taux: poursuite de la dégradation au Sud ce soir.

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(CercleFinance.com) - Dans l'ambiance délétère qui règne depuis lundi sur les marchés, les opérateurs surveillaient tout particulièrement l'émission de 'BTP' programmée en Italie ce matin. Rome a emprunté mercredi un montant total de 6,9Mds

(CercleFinance.com) - Dans l'ambiance délétère qui règne depuis lundi sur les marchés, les opérateurs surveillaient tout particulièrement l'émission de 'BTP' programmée en Italie ce matin.

Rome a emprunté mercredi un montant total de 6,9MdsE dont 3,9MdsE de bons à 5 ans: le rendement s'est tendu plutôt modestement de 3,59 vers 3,65%, mais la demande a été faible (1,22 fois le montant alloué contre 1,4 à 1,5 lors des précédentes opérations).

L'adjudication de 3MdsE de BTP à dix ans a été paradoxalement mieux accueillie avec un rendement de 4,66% contre 4,83% fin février... mais 10 ans, cela laisse le temps de résoudre bien des crises (ou alors la BCE est intervenue discrèteent pour soutenir les cours).

Sur le marché secondaire en revanche, la correction est sévère avec une envolée de +21Pts de base du '10 ans' à 4,78% (la dégradation s'est poursuivie tout au long de l'après-midi).

La nervosité gagne également l'Espagne avec une nette tension des taux longs à 5,08% contre 4,93% (+15Pt de base), même écart au Portugal (à 6,37%) et il y a le feu en Grèce avec une envolée de +88Pts de base à 13%, ce qui porte à +170Pts la hausse de rendement du '10 ans' grec depuis le 28 février dernier.

Sans surprise, le Bund voit la 'fuite vers la sécurité' faire chuter sa rémunération de 8Pts vers 1,27% et le rendement de l'OAT de 5Pts vers 2%.

Les T-Bonds US suivent les Bunds à la trace et au point de base près: -8 à 1,8430% alors que le Dollar repasse au-dessus des 1,2770/Euro.

La crise chypriote est circonscrite, endiguée, résolue selon les communiqués plutôt triomphateurs émis par divers membres de l'Eurogroupe et Mme Lagarde, la Présidente du FMI.

C'est une tradition lorsque la catastrophe a été évitée in extremis (on se souvient du feuilleton grec et des multiples 'accords de la dernière chance' salués à chaque fois comme l'ultime exception qui confirme la règle... et la cohésion de l'Eurozone.
La réouverture des banques chypriotes, alors que d'importants flux de capitaux auraient réussi à s'échapper via les filiales londoniennes de Bank of Cyprus et Laiki, s'apparente à un grand saut dans l'inconnu, avec un risque de 'bank run' pouvant contaminer d'autres pays au système bancaire fragile.
Des rumeurs inquiétantes évoquent déjà un montant de 5 à 10MdsE plombant les comptes des banques slovènes (un pays bien plus proche à tous points de vue de l'Autriche ou de la Suisse que de 'l'Europe du Sud').

Bart Oosterveld, le responsable du 'risque souverain' chez Moody's, ne partage pas le triomphalisme et la confiance dans un avenir radieux des membres de la Troïka et juge que les européens 'se surestiment' (et minimisent les problèmes à résoudre) dans le cas du problème chypriote.

Et l'Europe ne peut guère se faire d'illusion sur la conjoncture et la confiance de ses citoyens qui se retrouve au plus bas depuis le 1er trimestre 2009 (retour à une récession 'dure'... et sans perspective de 'plan de relance' cette fois-ci puisque la plupart des états sont au bord de la banqueroute).

Bart Oosterveld n'a pas précisé si l'Italie et l'Espagne, dont les notes ont été placée fin 2012 sous 'perspective négative' était davantage exposées à une nouvelle dégradation après la 'résolution' du cas chypriote.
Il souligne en revanche que Chypre s'engage pour une 'période prolongée' dans un contexte de défaut sur sa dette, voire de sortie de la zone euro.

Dietmar Hornung, responsable du suivi de l'Italie chez Moody's estime que 'la situation à Chypre impactait négativement l'Italie dont la cohésion sociale et la santé des banques italiennes posent question (avec la perspective de nouvelles élections en septembre, sur fond d'euro-scepticisme, voir d'hostilité grandissante à la 'technostructure' (BCE, FMI, experts de Bruxelles) sans légitimité populaire mais qui peut décider à la place des citoyens d'un pays souverain de rayer une banque -ou tout un système bancaire- d'un trait de plume.

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