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Pétrole, minerais, métaux... Les matières premières font grise mine

Le niveau de correction auxquel on assiste sur l'ensemble des matières premières en ce moment pourait enrayer un éventuel rallye boursier de fin d'année.

Le niveau de correction auxquel on assiste sur l'ensemble des matières premières en ce moment pourait enrayer un éventuel rallye boursier de fin d'année. - Amy Coope - AFP Files

Depuis le milieu de la semaine, on assiste à une forte vague de correction sur l’ensemble des matières premières. Pétrole, minerais, métaux… Tout est bon pour vendre en masse, alors que les cours étaient pourtant sur la voie de la stabilisation.

Le retournement aura été spectaculaire. En témoigne la vive réaction sur les indices boursiers mondiaux (-1.9% pour le CAC40 sur la clôture de jeudi soir). Mais très clairement, ce brusque retournement à la baisse autour des matières premières inquiète, tout autant qu’il laisse perplexe.

Après publication des chiffres des stocks américains de brut, et prévisions de l’Agence Internationale de l’Energie, les cours du baril WTI ont dégringolé de 3 ou 4 dollars en direction des 41 au fixing. Alors qu’on était plutôt dans l’optique d’un redressement du côté des 50-60 dollars ces dernières semaines !

Pétrole et minerais au tapis

Avec le statu quo de l’Arabie Saoudite sur sa production, et quelques signes qui semblaient montrer que les producteurs américains arrivaient tout doucement à une situation d’équilibre pour investir et produire, tout est à nouveau en question autour des perspectives pétrolières.

Et la problématique est à peu près la même pour l’ensemble des matières premières de base : minerai de fer qui repart à la baisse, cuivre et aluminium qui signent des plus bas de 6 ans, plus bas de 5 ans aussi pour l’or...

Les géants de la mine touchés de plein fouet

Ce dernier excepté (très lié aussi aux politiques monétaires et aux taux de changes du dollar), là aussi, on était depuis quelques semaines dans un contexte de retour à un relatif optimisme, sur fond de prévisions de reprise de la demande, d’adaptation progressive de l’appareil de productions aux tendances et aux cours… Mais patatras, tout a basculé.

Avec dans le sillage des grosses capitalisations mondiales touchées de plein fouet. Les pétroliers, certes, mais surtout les grands miniers mondiaux que sont Anglo American, Rio Tinto ou Vale. Ou même le minier-courtier géant Glencore, qui se relève a peine d’une phase catastrophique, où l’on a craint pour sa santé financière en tant que telle.

L’inconnue chinoise

Cerise sur le gâteau, BHP Billiton, le géant minier qui pourrait ne pas relever son dividende cette année. Une rumeur tenace et qui paraît bien anecdotique et bien loin de nous, mais ce serait une première dans toute l’histoire du groupe, qui l’a toujours amélioré d’année en année depuis sa formation.

Un signe que l’énorme chantier d’adaptation aux nouvelles réalités d’offre et de demande mondiales n’est peut-être pas terminé. Malgré les signaux clairs de reprise de la demande pour l’année prochaine, on a notamment toujours autant de mal à évaluer l’état des perspectives en Chine, ses niveaux de stocks et de besoins pour les années à venir.

Des analystes très dubitatifs

L’énorme poids des grands groupes énergétiques et miniers au sein des indices boursiers explique aussi les principaux responsables de la correction et de l’instabilité du moment. Et au vu du retournement brusque auquel on a assisté, cet ajustement pourrait durer dans le temps.

Les analystes du secteur des matières premières pourtant ne veulent pas croire à un changement d’orientation. Si on fait une moyenne de leurs prévisions, ils restent pour le moment sur leur scénario de ces dernières semaines.

Un simple ajustement technique ?

Certes des incertitudes demeurent, sur la croissance globale et la Chine, mais on reste sur une tendance à la stabilisation et à une amélioration progressive des conditions de marché.

Le mouvement actuel est sans doute pour une bonne part technique, avec des grands fonds qui se séparent des secteurs trop dépendants de cycles économiques encore incertains. Quitte à y revenir un peu plus tard, peut-être, en étant un peu plus sélectif.

Mais ce gros coup de mou sur les matières premières est à suivre de très près, dans le sens où si la tendance perdure, le rallye boursier de fin d’année que tout le monde attend pour se replacer risque de prendre un sacré coup dans l’aile.

Antoine Larigaudrie