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Matières premières: vers une stabilisation des cours?

Malgré la forte baisse des cours, les grands miniers continuent à investir.

Malgré la forte baisse des cours, les grands miniers continuent à investir. - Darek Redos - AFP

L’industrie pétrolière a réussi un extraordinaire mouvement d’auto-régulation en arrivant à stabiliser elle-même à stabiliser les cours de l’or noir. En sera-t-il de même avec l’ensemble des cours des matières premières ?

L’année 2015 s’annonce comme un défi à bien des égards pour l’ensemble des marchés financiers. Et pour l’instant cette année commence bien, avec de la confiance, de l’argent sur les marchés qui ne demande qu’à être placé, et des perspectives porteuses a plusieurs titres. Un seul compartiment manque à l’appel, où la conjoncture reste bien indécise, celui des matières premières. Et là le défi s’annonce redoutable.

La stabilisation du pétrole s’annonçait comme un ballon d’essai très intéressant. En quelques semaines seulement, grâce au statu quo de l’OPEP et de l’Arabie Saoudite sur les quotas de production, l’industrie pétrolière a elle-même entamé sa propre révolution. Réduction des budgets d’investissement, restructuration des activités de forage et d’exploration, redéploiement vers les activités les plus rentables. 

Pétrole et minerais : même combat ?

Un immense tour de force pour s’adapter au niveau actuel des cours, et aux fondamentaux d’offre et de demande. Une auto-régulation salutaire et d’autant plus efficace (on l’espère), qu’elle aura été lancée par ceux-là même qui avaient contribué à inonder le marché de pétrole pas cher, particulièrement les spécialistes américains du pétrole de schiste.

Mais les grands miniers mondiaux seront-ils capable de mettre en place une révolution comparable, face à des prix des matières premières qui continuent d’évoluer sur des plus bas pluriannuels ? Pour l’instant c’est loin d’être gagné.

Demande chinoise encore très floue

Premier problème, les Rio Tinto, Vale ou BHP Billiton, les fournisseurs de minerais du monde entier, refusent pour l’instant de réduire leurs investissements. Hormis ceux qui concernent les pétroles de schiste. Pour ce qui est du minerai de fer, du cuivre, de la bauxite ou autre minerais rares prisés par l’industrie, les mines continuent de tourner à plein régime, et les géants du secteur continuent d’investir dans de nouvelles capacités.

En face on a une conjoncture toujours très difficile. Le plus grand importateur de matières premières du Monde qu’est la Chine, continue de donner des signaux très mitigés. La demande des sidérurgistes chinois reste par exemple faible. Tendance accréditée par les indicateurs industriels chinois toujours très flous.

Quelques signes positifs ?

Mais plus la demande est incertaine, plus les producteurs sont persuadés que la Banque Centrale Chinoise (PBOC) va agir en soutenant l’économie, ce qui fera repartir la demande. Donc les grands miniers préfèrent attendre, en s’organisant surtout pour choyer les actionnaires et les investisseurs. Une attente qui s’annonce longue tant le chemin reste incertain pour le moment.

Mais un frémissement se fait sentir. Depuis plusieurs mois, les prix des matières premières industrielles plongeaient ensemble dans un mouvement global. Mais c’est moins vrai depuis la semaine dernière, ou chacune recommence à évoluer indépendamment des autres.

Passer du "Contago" à la "Backwardation"

Ce qui semble vouloir prouver qu’on s’approche d’une situation d’équilibre de l’offre et de la demande. Selon le jargon parfois obscure des analystes, on passe d’une situation de "Contago" à celle de "Backwardation".

Et ce facteur technique pourrait être le prélude à un retour à l’équilibre, comme pour le pétrole. En laissant le marché décider et les industriels maîtres du jeu sans intervention, le processus d’auto-régulation, pour le moment, à l’air de fonctionner… Mais l’année 2015 sera déterminante à ce niveau-là.

Antoine Larigaudrie