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Mongolie, Iran, Viêtnam… le tour du monde des monnaies faibles

Le billet Gengis Khan de 10.000 Tugrik ne vaut actuellement plus qu’autour de … 5 dollars !

Le billet Gengis Khan de 10.000 Tugrik ne vaut actuellement plus qu’autour de … 5 dollars ! - Stephen Shaver – AFP

C’est désormais la Mongolie qui possède la devise la plus faible par rapport au dollar depuis le 1er janvier. Elle rejoint le peloton de queue du moment, avec l’Iran et le Viêtnam, notamment.

Triste destin que celui du Tugrik. La devise mongole a perdu quasiment 8% ces 4 dernières semaines, et pointe désormais à -11% depuis le début de l’année face au dollar, en faisant de fait la monnaie la plus faible du monde face à la devise américaine.

En clair, le dollar vaut actuellement 2.243 Tugriks, un plus bas historique, après une glissade ininterrompue de 22 jours qui est sans précédent depuis son indépendance en 1992, après la chute de l’Empire Soviétique dont elle faisait partie.

Ex-économie de pointe

Il y a encore 5 ans seulement, le pays était l’un des plus dynamique du monde. Son économie, très majoritairement basée sur l’extraction et l’exportation de matières premières (charbon, cuivre et or) vers la Chine et la Russie, ses deux principaux partenaires commerciaux, lui a permis d’engranger jusqu’à 17,5% de croissance annuelle.

Les investissements affluaient et le pays, devenu très riche, nourrissait de grand projets de croissance, financés comme un peu partout par un large recours à de la dette d’état.

Fuite de capitaux en masse

Mais patatras… Quelques années plus tard, et après une année 2015 marquée à la fois par l’effondrement des cours des matières premières, et des contre-chocs économiques du côté Russe et Chinois, la Mongolie s’est retrouvée au milieu d’une onde de choc cataclysmique.

La Chine, qui achetait habituellement 90% des matières premières mongoles, a complètement coupé les vannes. Pareil pour la Russie. Un mouvement de fuite qui a fini de mettre par terre un secteur industriel déjà déserté depuis un moment par les investissements étrangers (-85% depuis 2011).

Dettes et défaut de paiement

La faute à une politique d’état complètement restrictive à l’égard des flux d’investissements extérieurs, précisément où l’économie du pays en avait le plus besoin. Du coup, le pays a encore eu recours à la dette pour soutenir coûte que coûte ses finances. Résultat, 23 milliards de dollars d’obligations face à des réserves de change qui ont fondu de 23% en un an à … juste un peu plus d’1 milliard de dollars.

Le pays est donc quasiment en situation de défaut de paiement, alors qu’il est difficilement capable à l’heure actuelle de payer ses fonctionnaires, ses soldats, et d’assurer le train de vie normal de l’Etat.

L’Iran continue de souffrir

La Mongolie rejoint donc plusieurs autres pays dont la monnaie a complètement flanché face au dollar. Pas étonnant de retrouver dans le même groupe l’Iran, qui après des années de sanctions économiques, tente en ce moment de faire repartir sa machine économique grâce aux revenus pétroliers, son or noir étant à nouveau exporté sur les marchés.

Mais le pays part avec un sérieux handicap, et sa monnaie, le Riyal, signe lui aussi une des pires performances du moment face à la devise américaine. Un dollar vaut approximativement 31.000 riyals !

L’anomalie vietnamienne

Cas similaire pour le Viêtnam, pourtant une des économies les plus prometteuses d’Asie : malgré l’émergence d’un solide tissus économique nourri par les hautes technologies et les services, et une croissance parmi les plus solides du monde (7% escomptés par an d’ici 2020), la politique monétaire est toujours axée sur la gestion de parités fixes pour la monnaie locale, le Dong. Résultat, il n’a pas bougé depuis plusieurs années, et un dollar vaut en ce moment autour de 22.000 Dongs.

Au même titre on peut citer le Rouble Bélarusse ou la Dobra de Sao Tomé et Principe, qui tournent autour de 20.000 pour un dollar, qui complètent le quatuor. Une situation très tendue pour tous ces pays, qui ne risque pas de s’arranger au vu des difficultés que l’Amérique a pour piloter sa propre politique monétaire. Les déséquilibres mondiaux ne sont pas près de s’arrêter.

Antoine Larigauderie