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OPA sur Altran: "je ne suis pas sûr" de gagner, admet Paul Hermelin, le patron de Capgemini

Sur le plateau de BFM Business, le patron de Capgemini assure qu'en cas d'échec de l'OPA sur Altran, "il ne reviendra pas" avec une troisième offre.

C'est le feuilleton boursier de 2019-2020. En juin dernier, Capgemini a lancé une OPA (offre publique d'achat) sur Altran afin de créer un géant de 17 milliards d’euros de chiffre d’affaires en combinant l'expertise informatique du premier avec l'expérience industrielle du second.

Mais ce projet est notamment contrecarré par le fonds activiste Elliott, actionnaire d'Altran qui juge l'offre sous-évaluée et qui refuse d'apporter ses titres à moins de 18 euros.

Alors que Capgemini avait jusqu'ici affirmé que le prix de 14 euros par action Altran était définit, mardi dernier le groupe d'informatique a consenti un petit coup de pouce en remonter son offre à 14,50 euros, quelques jours avant la clôture de la première période de son offre, l'AMF ayant fixé cette échéance au 22 janvier.

Sur le plateau de Good Morning Business ce vendredi, le patron de Capgemini Paul Hermelin assure qu'il n'y aura pas de nouvelle offre même en cas d'échec de l'OPA. "Certains, dont probablement Elliott faisaient courir le bruit: 'si l'offre échoue, ils reviendront avec un meilleur prix'. Donc nous avons déclaré formellement que premièrement, nous ne reviendrons pas. On s'est engagé pour une période de 18 mois (...) et que même si nous avions 51%, nous ne ferions pas d'offre supplémentaire pour monter au-delà. (...) Donc on a clairement dit, c'est maintenant, c'est l'instant et c'est à 14,50 euros", affirme-t-il.

"Il n'y a pas de marge"

Néanmoins, le patron concède que la partie est loin d'être jouée. "Je ne suis pas sûr" de gagner. "Je pense que ça passe mais ça passe juste. C'est-à-dire que je passe encore mon temps à appeler des investisseurs (...) pour montrer le sens industriel et la création de valeur. Je serais plutôt du bon côté de la pièce mais elle roule et ce n'est pas fait. Ce n'est vraiment pas fait. Donc il faut faire attention, il n'y pas de marge pour du laisser-faire, de la négligence. Aucune marge". 

Si Paul Hermelin ne remet pas en cause l'action des fonds activistes, il estime néanmoins que ces derniers ne jouent pas avec les mêmes règles. "Le point qui m'a le plus frappé sur cette période de 6 mois, c'est que nous, nous sommes encadrés par des règles précises de communication financière. (...) Nous ne pouvons pas parler. Et Elliott ou des officines qui me paraissent affiliées à Elliott, eux, diffusent des bruits. Et eux ne sont astreints à aucune discipline. On appelle ça l'asymétrie. C'est qu'il y a un manque de symétrie en communication entre ce que les sociétés cotées peuvent faire et les fonds activistes. Encore une fois, l'activisme fait partie du marché et je n'ai pas d'objections. (...) Mais je voudrais qu'on puisse communiquer dans les mêmes termes, qu'on puisse agir dans les mêmes règles", réclame Paul Hermelin.

L'issue de cette bataille sera connue le 28 janvier, six jours après la clôture de l'offre. Si elle échoue, "on sera obligé" de trouver des partenaires "mais je ne souhaite pas". "On serait obligé (de réaliser) de petites acquisitions avec des petites niches ici ou là en Europe, aux Etats-Unis. On ira moins vite. On a l'ambition d'être un leader, et peut-être je le souhaite, le leader mondial. Sans Altran, c'est plus lent, c'est plus difficile mais on ira dans la même direction".

>>> Retrouvez l'interview intégrale en vidéo ici. 

Olivier Chicheportiche