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Orange va-t-il mettre le cap sur l’Italie?

La tour Telecom Italia à Rome. Orange étudie une union qui pourrait déboucher sur la naissance d'un nouveau leader européen.

La tour Telecom Italia à Rome. Orange étudie une union qui pourrait déboucher sur la naissance d'un nouveau leader européen. - Tiziana Fabi - AFP

Le Big-Bang des télécoms se faisant attendre en France, c’est du côté du marché européen que les grands opérateurs se tournent pour recomposer le paysage et créer de la valeur. Orange, après avoir bien étudié la question, estime que la pépite du moment se nomme Telecom Italia.

Un diamant brut. Voilà ce que cherchait et qu’a trouvé Stéphane Richard, le patron d’Orange, qui ne cache pas une envie de repartir à la conquête du marché des télécoms à l’échelon européen. Après une tentative d’approche du côté de Deutsche Telekom, dossier sans doute trop gros et trop politique, direction l’Italie. Le PDG d'Orange fait en effet état de discussions avec les dirigeants de l'opérateur Telecom Italia dans le Journal du Dimanche du 1er mars.

Telecom Italia dispose d’une bonne taille, d’un excellent portefeuille de clients à faire fructifier, mais qui est un chantier permanent en ce moment. Sortie d’une phase difficile, l’activité montre des signes d’amélioration, et l’opérateur italien a même lancé il y a quelques semaines un plan plutôt ambitieux de réinvestissement.

Une urgence : apurer les dettes

Mais obstacle numéro 1, la dette. Telecom Italia, c’est près de 30 milliards d’euros de dette nette pour 14 milliards d’euros de capitalisation boursière. Obstacle qui décourage un peu les actionnaires historiques de l’opérateur, dont l’assureur Generali et plusieurs banques, qui se verraient bien saisir un ticket de sortie au bon moment. Option qui semble avoir l’aval des autorités italiennes.

Après, comment créer de la valeur rapidement ? Une des options serait de revendre une filiale au Brésil de Telecom Italia, TIM Paticipacoes. Certains évoquent un prix maximum de 20 milliards d’euros, ce qui résoudrait une grosse partie du problème. Le patron de l’opérateur n’excluait pas l’hypothèse d’ailleurs, même si les perspectives très intéressantes du côté de ce marché restaient attrayantes.

Se recentrer sur l’Europe

Mais l’italien doit sérier les priorités, et justement ces perspectives peuvent être une occasion unique pour se séparer de cet actif a très bon prix, comme Vivendi avait décidé de revendre GVT. Cette opération a pour le coup lancé un Big-Bang des télécoms au Brésil, avec des opérations un peu dans tous les sens, qui pourraient clairement être au profit de Telecom Italia.

Une mise en bourse du gros réseau de tours-relai de l’opérateur serait une solution aussi, et là on pourrait mathématiquement balayer le souci de dette. Car au final, le plus intéressant, et l’actif qui dispose des meilleures perspectives en vue d’une éventuelle union, c’est le portefeuille de clients européen.

Vers un futur numéro 1 du secteur?

Une fois nettoyé et retaillé sous la houlette d’Orange, le nouvel ensemble deviendrait d’un coup, au niveau européen, le co-leader du marché aux côtés du britannique Vodafone. Mais avec une carte dans la manche, Vodafone étant déjà un mastodonte déjà formé, structuré, et dont les relais de croissance ont tendance à fléchir un peu.

Un éventuel Orange-Telecom Italia aurait des capacités de synergies et de croissance qui pourraient lui donner un avantage dynamique majeur sur les années à venir, un avantage de taille qui va sans doute conduire Orange à mettre ce dossier au premier niveau de ses priorités, alors que les fusions-acquisitions dans les télécoms européens ont représenté 130 milliards d'euros d'opérations sur l'année dernière.

Antoine Larigaudrie