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Panne à Wall Street: 4h de black-out et beaucoup de questions

Soulagement hier à Wall Street, lors du redémarrage des cotations après une panne de 4 heures.

Soulagement hier à Wall Street, lors du redémarrage des cotations après une panne de 4 heures. - Spencer Platt - Getty Images North America - AFP

Du jamais vu depuis plusieurs années. Le NYSE, la Bourse de New York, a été victime d’un incident technique qui l’a paralysé pendant près de 4 heures. Bug simultané chez United Airlines, et sur le site internet du Wall Street Journal. Et au final, peu d’indications sur ce qui a pu se passer.

Les autorités américaines ont eu beau démentir tout "hacking" coordonné, piratage ou action malveillante, les traders américains se grattent encore la tête en essayant de déterminer ce qui a bien pu se passer hier à Wall Street. Car pour le moment, aucune explication précise n’est disponible sur ce qui s’est passé.

Déjà un bug qui a empêché toute transaction sur l’ensemble de la Bourse de New York pendant près de 4h. Après un ralentissement sensible des ordres de bourse, plus aucun ordre d’achat ou de vente n’était en mesure d’être exécuté, juste 2h après l’ouverture de la séance. Les compteurs marquaient "zéro". Des bugs, Wall Street en a connu périodiquement ces dernières années, mais jamais aussi long et jamais aussi généralisé.

Première panne "d’origine involontaire" 

Incident d’autant plus surprenant que c’est de mémoire de trader la première fois que Wall Street est bloquée de manière "involontaire". Jusque-là, les interruptions de cotations partielles ou totales, les suspensions de séance et autres décisions du même genre, sont toujours le fait de décisions prises par le NYSE.

Le bug intervient à l’origine, et ce sont les responsables de la bourse qui décident ou pas d’une fermeture partielle ou totale. Là l’indice est d’un type jamais vu encore, les systèmes de transactions sont ouverts et opérationnels, mais pour une raison inconnue, aucun ordre ne part. Les ingénieurs du NYSE sont toujours en train d’enquêter sur ce qui a bien pu se passer, mais pour l’instant, impossible de le savoir précisément.

Grande nervosité

Aucun dommage direct cela dit, certes le NYSE représente à lui tout seul 25% des échanges quotidiens sur le marché actions américain, mais il existe au total 11 plates-formes différentes de transactions où les actions sont traitables, entre ChiX, BATS, le Nasdaq… Elles ont pris le relais sans problème, et la Bourse de New York n’aura eu qu’à s’aligner sur les prix pour reprendre une activité normale, une fois les connexions rétablies.

Mais déjà tout cela a ajouté un peu à l’atmosphère tendue du moment, entre les incertitudes sur la Grèce et la panique boursière à Shanghai, beaucoup de nervosité chez les traders américains et un indice VIX, indice de la volatilité sur les marchés américains, le "Baromètre de la Peur" comme on le surnomme, est monté quasiment à 20 points, un plus haut datant de fin janvier. Le titre de l’ICE, Intercontinental Exchange, maison-mère du NYSE, a perdu 2,9% en clôture.

Bugs et écureuils…

Et puis le bug d’hier allonge la liste des incidents techniques récents (4 au total) qui ont touché le NYSE rien que cette année. On est loin de l’ère un peu folklorique des débuts du "tout électronique", où en 1994 par exemple, l’ensemble du marché Nasdaq avait brusquement cessé de fonctionner à cause d’écureuils facétieux qui s’étaient amusé à ronger les fils d’un des serveurs du groupe.

Là l’incident a sérieusement mis en colère le patron du NYSE, qui affirme que ce genre d’incident "ne peut plus arriver". Déjà parce que l’image de marque de la Bourse de New York en souffre. Deuxièmement parce que dans un marché de plus en plus concurrentiel, où les parts de marché s’effritent face aux plates-formes tout électronique, les clients auront tôt fait de partir à la concurrence, souvent un peu moins chère, mais surtout plus fiable.

Pannes quasi-simultanées

Mais le NYSE n’a pas été la seule victime de bugs au cours de cette tumultueuse journée. Déjà, le site internet du prestigieux Wall Street Journal est tombé en panne lui aussi, au même moment que la Bourse de New York. Une panne facilement explicable, vu le nombre de connexions que le site a dû affronter pendant le bug de Wall Street. Tout le monde voulait de l’information sur l'incident au même moment, le Wall Street Journal faisant foi… Et le serveur n’a pas supporté.

Mais coïncidence bizarre, le même jour et à peu près au même moment, une panne informatique chez United Airlines a cloué au sol l’ensemble de la flotte d’avions du groupe pour une bonne partie de la journée. Même symptômes qu’au NYSE : le système est opérationnel, et pourtant… aucune donnée ne peut être échangée. Une situation qui oblige une compagnie aérienne, pour des raisons de sécurité évidentes et pour de simples raisons opérationnelles à supprimer ses vols.

La sécurité numérique en question

Là aussi pour le moment, très peu d’éléments pour expliquer ce qui s’est passé. Et encore une fois une sphère économique qui s’inquiète de la vulnérabilité de beaucoup de systèmes électroniques capitaux pour l’ensemble de la sphère économique du pays. Et malgré des bugs récurrents et plus ou moins gênants, malgré des revues complètes et une sécurisation accrue des systèmes, on assiste encore à des pannes inquiétantes.

D’autant que sur les cas exposés il n’est question que de bugs, pas d’attaque ou d’actes de malveillance. Pas encore. Mais des cas spécifiques apparaissent, OPA fantôme lancées par des entités fictives, "gentils hackers " qui piratent de l’intérieur les systèmes de navigation d’un avion

Les analystes de sécurité américains estiment qu’il reste un travail monstrueux à fournir pour améliorer la sécurité des systèmes, alors que l’électronique prend de plus en plus de place dans l’activité économique générale, et à une vitesse de plus en plus rapide.

Antoine Larigaudrie