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Perspectives 2016: la très grande prudence des entreprises

Chez Arcelor-Mittal comme dans d'autres secteurs, la visibilité pour 2016 est quasi-nulle. Beaucoup entament cette année en taillant encore dans leurs coûts, pour faire face à une activité qui ne repart pas.

Chez Arcelor-Mittal comme dans d'autres secteurs, la visibilité pour 2016 est quasi-nulle. Beaucoup entament cette année en taillant encore dans leurs coûts, pour faire face à une activité qui ne repart pas. - MICHEL KRAKOWSKI - BELGA - AFP

Au milieu des publications de résultats annuels des entreprises qui tombent ces derniers jours, une constante: l’année 2016 s’annonce comme totalement imprévisible. Les entreprises, dans de nombreux secteurs, font le dos rond, économisent, en attendant un sursaut de leur activité qui se fait attendre.

Rarement l’exercice des prévisions, aussi bien pour les analystes de marché que pour les entreprises, n’aura été aussi difficile. Chute du pétrole, volatilité des effets-devise, et surtout impossibilité de prévoir la demande…

Même les meilleurs arrivent à se faire prendre, avec Apple par exemple, contraint de revoir à la baisse ses prévisions de ventes pour sa dernière gamme d’iPhone. Un événement marquant, qui a laissé des traces.

Horizon bouché

Car dans de nombreux secteurs, les entreprises, aussi performantes et indiscutablement puissantes soient-elles, sont bien obligées de reconnaître que l’horizon n’aura jamais été aussi bouché.

Cette semaine, les résultats pourtant extrêmement brillants de LVMH n’ont pu éclipser le fait que les perspectives restent fortement incertaines au niveau mondial, à cause des mêmes facteurs: Chine, changes, et difficultés pour y voir clair en matière d’activité.

Le calvaire d’Arcelor-Mittal

Et les nouvelles ne sont pas franchement meilleures dans d’autres secteurs. Le meilleur exemple est sans doute Arcelor-Mittal. Le leader mondial de l’acier est en proie à des soucis structurels préoccupants. Chute du prix des matières premières, crise de l’acier…

Dernièrement, le groupe a encore dû fermer un de ses sites en Espagne, parlant de conditions de marché parmi les plus difficiles jamais rencontrées, avec ces derniers mois des importations chinoises massives de stocks d'acier payés sous leur coût de production.

Consolidation financière nécessaire

Après avoir perdu 57% sur l’année écoulée, le titre est encore en forte baisse depuis le 1er janvier. Le groupe doit donc se restructurer financièrement et a été contraint à une augmentation de capital de 3 milliards de dollars.

Car en plus d’une conjoncture qui ne s’améliore pas, Arcelor-Mittal doit faire face au remboursement de près de 15 milliards de dollars de dettes dans les 6 années à venir.

BNP Paribas rassure, mais les banques inquiètent

Même chose pour BNP Paribas. Même si la banque s’en tire plutôt bien avec 6,5 milliards d’euros de bénéfices sur l’année 2015, les performances sont en-dessous des attentes, notamment sur la fin de l’année.

Le bénéfice net sur le 4ème trimestre est de 665 millions d’euros (le marché anticipait plus de 800), témoin à la fois de la dégradation de la conjoncture du côté de l’Italie, où la filiale du groupe, BNL, est prise comme toutes les banques dans une crise de confiance sur les créances douteuses, et de la difficulté de réaliser des performances dans un environnement de taux nuls ou négatifs.

Restructuration sectorielle à venir

Sans compter l’hypothèque du niveau d’exposition aux crédits à l’industrie pétrolière, qui commence à devenir un sujet de fond. C’est pourquoi, là aussi, on va chercher des sources de revenus structurels dans les économies de coût.

C’est pourquoi le groupe annonce aussi un plan de restructuration de ses activités banque d’investissement (CIB), qui devrait à horizon 2019 produire 1 milliard d’euros d’économies. Et le reste du secteur bancaire n’y échappera pas: réseau de détail, banque de marché ou d’investissement, il va falloir retailler.

Vinci: visibilité réduite

Enfin, au chapitre des nouvelles d’entreprises, Vinci y est aussi allé de ses commentaires plutôt mitigés. Déjà avec des résultats en baisse sur 2015: le bénéfice net recule de 17,7% à 2 milliards d'euros, une baisse due en grande partie à la cession de l'activité parkings l'année précédente. Hors ces exceptionnels, le bénéfice net progresse de 10,7%.

Mais Vinci fait toujours preuve d'une très grande prudence pour l'année prochaine, avec une conjoncture très incertaine. Même si les tendances s’améliorent sur les principaux marchés français, la visibilité reste extrêmement réduite à l’international.

À la recherche de la reprise perdue 

Et la priorité affichée de Vinci va être d’améliorer ses marges. Encore une fois, c’est là aussi plus du côté de la maîtrise des coûts et de la structure financière que le groupe va chercher des relais de croissance. Car l’activité reste un point problématique.

Preuve que le fil conducteur de ces publications reste la capacité d’adaptation des entreprises à un univers et une conjoncture totalement imprévisibles. La priorité et la prime de marché sera sans doute accordée à ceux qui remarqueront une vraie reprise sur leurs carnets de commande, et ils seront sans doute bien rares.

Antoine Larigaudrie