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Pétrole: le baril de retour vers les 20 dollars?

Faute d'initiative de l'OPEP pour baisser la production, les analystes reviennent aux fondamentaux: un marché surapprovisionné où les stocks continuent de grimper, et où les prix continuer à baisser.

Faute d'initiative de l'OPEP pour baisser la production, les analystes reviennent aux fondamentaux: un marché surapprovisionné où les stocks continuent de grimper, et où les prix continuer à baisser. - DEwira - AFP

La réunion de l’OPEP à Vienne ce week-end n’a pas apporté ce que les marchés souhaitaient. Résultat: le pétrole repart sous les 40 dollars, et Goldman Sachs, entre autres, prédit une nouvelle rechute en direction des 20.

Les analystes attendaient une réunion historique… Elle aura été doublement décevante. La réunion de l’OPEP ce week-end n’aura rien apporté de bon. Pire encore, ce qui en ressort est de nature à accroître encore plus la pression sur l’ensemble des marchés pétroliers et sur les prix du brut pour les mois à venir.

En premier lieu: aucun signe de revirement de position de la part de l’Arabie Saoudite. On attendait le Royaume à la manœuvre pour proposer une initiative de réduction globale de la production, pays OPEP et non-OPEP, mais c'est peine perdue. Tout cela prendra beaucoup plus de temps que prévu si l’hypothèse est toujours sur la table, ce qui est loin d’être sûr.

Double déception

Mais pire encore, en ne modifiant pas ses actuelles limites de production, l’ensemble des pays de l’OPEP va en réalité légèrement augmenter sa production. En tenant compte des perspectives de débit actuelles de chaque pays, il y aura encore plus de pétrole sur le marché les semaines et les mois à venir.

Double déception donc, qui ramène les investisseurs sur leurs préoccupations du moment. L’ensemble du marché est noyé sous une trop grande quantité de pétrole bon marché. Et c’est encore une fois du côté des États Unis et du gaz de schiste qu’il faut chercher l’origine du problème.

Ajustement logique

Quoi qu’il puisse se passer du côté de l’OPEP de toutes les façons, la situation et les grandes tendances ne changeront pas tant que le marché sera surapprovisionné. Et on reste sur des stocks de brut américain au plus haut depuis 80 ans, et en constante augmentation, après déjà 5 semaines consécutives de hausse.

Les analystes sont donc repartis dans leurs scenarii du moment. Déjà, faire retomber le pétrole sous les 40 dollars, au plus bas de l’année. Il avait grimpé un peu au-dessus du seuil symbolique dans l’espoir que l’Arabie Saoudite lance l’initiative qu’on lui prêtait. La rechute était donc inévitable.

2ème phase de baisse enclenchée

Mais désormais, il n'y a plus d’objectif de rebond vers les 60 dollars. La probabilité de voir chuter les prix sous les 40 dollars est de plus en plus grande. Les analystes de GRZ Energy prévoient dans un premier temps une chute du côté des 30-35 dollars, avec un horizon court (pas plus de 4 à 6 semaines).

Enfin, la banque d’affaires Goldman Sachs, elle, voit à nouveau le baril de brut léger américain à 20 dollars. Cette prévision avait déjà fait réagir le marché lors de sa première annonce en septembre dernier. Depuis, les analystes avaient eu tendance à revoir leurs projections un peu à la hausse, avec des signes probants d’amélioration sur le front des stocks et de l’appareil de production.

Une année pour rien

Mais désormais, on est de retour vers des projections basses, avec Goldman Sachs qui estime que réduire les excès d’offre va encore prendre toute l’année prochaine à l’industrie.

D’ici là, impossible de ne pas voir un nouveau recul marqué des prix du brut. Et les 20 dollars restent un objectif bas, certes, mais plausible selon la banque.

Nouvelles purges à prévoir chez les industriels

De quoi rester pessimiste sur l’ensemble du secteur pétrolier l’année prochaine, malgré les grandes capacités de résistance et de maintien des profits des grands pétroliers comme Total. Il n’en sera pas de même pour l’ensemble de l’industrie et des parapétroliers, les fournisseurs de services spécialisés.

Le leader de la prospection sismique CGG vient d’annoncer qu’il allait proposer un nouveau plan de restructuration, synonyme de nouveaux lourds sacrifices, ainsi qu’une augmentation de capital. Et ce n’est sans doute qu’une nouvelle phase de purge pour l’ensemble d’un secteur encore extrêmement fragile, tant que les signes de stabilisation tardent à venir.

Antoine Larigaudrie